Q Quand l'élève dépasse le maître... Il était censé donner le tempo, il a remporté la course en solo. Haut comme trois pommes, le petit Kenyan bleu flashy est tout simplement allé au bout, hier, des 42km195 de la deuxième édition du Marathon du Grand Toulouse. Ruto au Capitole : la belle histoire, presqu'une fable.

Le chrono de son compatriote Bitok, lauréat l'année derniè- re en 2h18'27'' n'est pas tombé (2h19'01'') ; pourtant, on y a cru longtemps. Jusqu'au commentateur télé Patrick Montel, guest star sur la ligne d'arrivée, qui parlera du « gamin comme un très grand espoir de la distance ». Dominic Ruto, 29 ans, était dans les temps : 1h07' à mi-parcours, 1h35' au 30e kilomètre. Las, il fléchira par la suite. Mais en aura gardé suffisamment sous la semelle pour devancer, d'une minute et trente-huit secondes, un autre Kenyan : Stanley Temet.

Plus loin - à près de cinq minutes -, le Marocain d'Elne (Pyrénées-Orientales), licencié à Narbonne, Younes El Gaouzi, complète le podium : « Non non, la chaleur n'était pas gênante. » En revanche, l'athlète souffrira mille maux pour monter les marches de l'Hôtel de Ville et satisfaire au contrôle anti-dopage...

Quatrième de la course, premier Français et premier régional de l'étape : Cyrille Dos Santos, 31 ans, contrôleur sanitaire pour les services vétérinaires. Cocorico pour le Ruthénois qui puisa au plus profond de lui-même. « Sous l'arche, j'ai vomi. J'ai dû prendre un coup de froid... Je n'arrivais pas non plus à digérer mes prises alimentaires... En tout cas, j'étais dans le gaz. C'est sûr. »

Septième l'an passé, Dos Santos gagna ainsi trois places et... cinquante-neuf secondes.

Les fesses à même les pavés de la place, la tête basse et la médaille qui pend, une bouteille d'eau à la main, son mari Patrick dans l'autre. Il est 12 h 19, hier, et Houria Fréchou tente aussi de récupérer. « Il y a trois kilomètres que je ne sens plus mes jambes. On dit toujours que lors d'un marathon, il y a ce qu'on appelle le mur. Je peux vous dire que je l'ai pris de plein fouet, mais je l'ai aussi vaincu... »

Première Française, première Midi-Pyrénéenne, première «vétéran 1», Houria Fréchou du Stade Toulousain, 39 ans, cumule comme à sa bonne habitude. Avec le sourire en bandoulière. « J'adore mon métier (elle est professeur de maths au collège Léon-Blum de Colomiers, ndlr), je me régale à courir. Puis j'ai un fan-club ! Alors, que voulez-vous, lorsque je remonte mes stores, tous les matins, je suis heureuse. Oui... »

Au fait, pour les superstitieux, le grand bonhomme du jour, Dominic Ruto, avait le même numéro de dossard que le vainqueur de l'année dernière, Benjamin Bitok : le 2. Qui est donc devenu premier.

Dominic Ruto, le Kenyan qui a tout d'un grand

Lièvre de cette deuxième édition du Marathon du Grand Toulouse, le Kenyan Dominic Ruto, 29 ans, a confirmé son statut de favori.

Le dossard n°2 sur la ligne de départ s'est adjugé la victoire. Certes, il n'a pas battu son record personnel (2h15' en 2006). Mais il a, tout de même, réalisé une sacrée performance. Il faut dire que les organisateurs avaient repensé le tracé pour séduire et attirer tous les amateurs de la discipline. Plus roulant, ce parcours 2008 ne pouvait être que propice aux bons résultats.

Comme Johana Chmiel, lauréate dans la catégorie féminine, il s'agissait de sa première participation dans la Ville rose. Par ailleurs, il ne disputait que le deuxième marathon de sa carrière. « J'ai bien apprécié le tracé qui nous était proposé. Je n'ai pas rencontré de grosses difficultés. Physiquement, je me sentais bien. Quand j'ai vu que je restais seul en tête, j'ai commencé à ne penser qu'à la victoire finale. Je suis content de ma performance. Même si je voulais réaliser un meilleur temps », concédait-il.

C'est à l'âge de 5 ans que Dominic a commencé la course à pied. Depuis, il a enchaîné les compétitions à travers le monde. Pour atteindre un tel niveau, il s'appuie sur d'intenses séances d'entraînement, deux fois par jour. Sur le long terme, Dominic Ruto se fixe un objectif : passer sous la barre des 2 h10'. Peut-être l'an prochain, à Toulouse !

La Polonaise Johana Chmiel : « J'ai eu chaud »

Pour sa première participation au Marathon du Grand Toulouse, la Polonaise Johana Chmiel, 39 ans, s'est montrée la plus rapide. Malgré la fatigue, elle a bien voulu nous accorder quelques minutes.

Comment analysez-vous votre course ?

Je suis bien évidemment contente d'avoir gagné aujourd'hui. Physiquement, je n'étais pas au mieux. Ce matin, j'ai eu des douleurs à l'estomac. Cela n'a pas été facile à gérer. Tout au long du parcours, j'ai bu énormément. Néanmoins, j'ai réussi à tenir jusqu'au bout. En ce qui concerne mon temps, je souhaitais faire mieux. Je suis un peu déçue de ce côté-là. Mon meilleur temps est 2h35'. Mais, pour ma première compétition à Toulouse, cette victoire est une grande satisfaction.

Comment jugez-vous le Marathon du Grand Toulouse ?

Le tracé était très agréable. Il n'y avait pas de véritables difficultés. Il faut féliciter le travail des organisateurs. Les conditions climatiques étaient idéales. Même s'il a fallu que je m'adapte car en Pologne les températures sont plus basses... Il y a eu une très bonne ambiance. Tous les concurrents ont reçu de nombreux encouragements. Le public s'est montré très chaleureux.

Comptez-vous participer à une autre course prochainement ?

Je ne sais pas encore où je m'alignerai. Mon seul objectif est d'abord de bien me reposer ! Mais je reviendrai sûrement ici dès 2009.

Participation record

Avec 3 536 marathoniens et 321 équipes de 4 relayeurs inscrits, on arrive à un total de 4 820 coureurs. Si tout le monde n'a pas forcément pris le départ, les chiffres de la première édition - un peu plus de 4 000 au total - ont bel et bien été battus. D'où des montagnes de médailles (à chaque participant), sous le soleil exactement.