19/04/2009: Le
marathon du charolais dompté par Eric Zablocki. (le journal de saône et Loire)
Comme en cross ou en trails, l'homme
qui court plus souvent que son ombre a trouvé le bon rythme, la bonne tactique,
pour signer au bas d'un marathon.
Il affirme simplement qu'il « ne voulait pas
mourir idiot, » et que la condition sine qua non passait « par une victoire
sur un marathon. » Sauf que ce rendez-vous du Charolais succédait à beaucoup
d'autres ; le gaillard de St-Maurice-les-Couches ayant enchainé trails et
courses sur route au sortir d'une longue et fructueuse saison de cross. Et trois
bornes à peine après quitté Gueugnon, son attitude donnait à penser que
l'heure était venue de régler la note.
Bouche ouverte, comme à la recherche déjà d'un second souffle, Eric Zablocki
laissait Jean-Pierre Pompanon le relayer aux côtés de Denis Berland pour
donner le tempo. La troïka gueugnonnaise avait profité des difficultés du début
de course pour ne plus tolérer comme interlocuteurs que les seuls Laurent
Michellier (Drumettaz) et Bernard Buffet (NL) ; les autres, tous les autres,
avaient renoncé. Au 5e kilomètre, atteint en 18'55'', c'est-à-dire très vite
compte tenu de la succession de bosses composant ce programme initial, Eric
Zablocki était pourtant bien présent. Pareil au 10è, touché en 37'05'', donc
toujours sur un rythme osé, malgré une nouvelle alerte sur une poussée d'un
Denis Berland n'appréciant pas plus que ça l'intervention de Laurent
Michellier, venu mettre le nez à la fenêtre pour apporter sa contribution à
la bonne marche du clan des cinq.
Lâché, ressuscité;
Quelques centaines de mètres plus loin cependant,
Eric Zablocki effaçait tout en prenant les commandes. Jean-Pierre Pompanon, mal
à l'aise sur les à-coups, et Bernard Buffet, proche de ses limites,
batailleraient pendant plus de cinq minutes pour combler les quelques mètres déboursés.
« J'ai préféré essayer d'amortir les changements de rythme, mais c'était
difficile, » expliquera JPP, ravi pourtant de participer « à une nouvelle
belle partie de manivelles. » Car devant, sur l'acquis d'un récent semi à
Vichy l'ayant rassuré, Denis Berland avait repris son travail de sape ; «
je n'aime pas subir la course, j'aime mieux imposer mon train. »
Qui mènerait les fugueurs en 1h19.20 à la mi-course ; là ou Bernard Buffet en
sur régime, se retirait du jeu.
« A deux, je me suis dit pourquoi pas »
car Denis le métronome, escorté par le savoyard Laurent Michellier, venait de
prendre ses aises vis-à-vis de ses équipiers. Quatre mètres, puis bientôt
pas loin d'une cinquantaine. Assez pour abattre sa dernière carte ? «
C'était trop tôt pour essayer en solo ; je ne fais qu'un marathon par an,
j'avais du mal à apprécier mes réserves. »
Comme en écho, Eric Zablocki rappelait « qu'il ne
faut pas bouger avec le 25e km, au moins. »
Repoussé à quinze secondes, il stopperait l'hémorragie pour au contraire
grignoter son retard. « Il faut savoir perdre
quelques mètres si cela permet d'éviter une accélération trop violente. »
Et malgré un agenda de courses plus chargé que le carnet de bal de Cendrillon
déguisée en princesse, Eric Zablocki rejoindrait le duo de tête après quatre
bornes de chasse. Le temps de récupérer sur la dernière difficulté (35e km)
et le contre partait. Sans réplique. «
Musculairement, j'étais cuit, » avouera Denis
Berland, incapable de résister à l'offensive. Laurent Michellier, lui, ne « lâcherait
qu'au compte-goutte » selon l'expression du futur vainqueur, mais n'en
abdiquerait pas moins. Sans rien regretter. « Je
m'étais préparé pour aller au marathon de Londres la semaine prochaine, mais
ma forme n'était pas là ; j'ai annulé et j'ai choisi une course plus famille.
Aujourd'hui, j'ai vraiment pris mon plaisir. » Dommage
que parmi les spécialistes de Saône-et-Loire, beaucoup aient préféré le
bouder.
Rencontre - Eric Leblacher
Des mondiaux de cyclisme au marathon
La cyclo sportive Claudio
Chiappucci lui a tendu les bras l'an passé. Eric leblacher portait alors les
couleurs de l'ESC Meaux. Mais le jeune homme a aussi porté le maillot des Pro
du Crédit Agricole pour obtenir deux sélections pour les championnats du monde
sur route, et le maillot de la Française des jeux pour s'aligner au départ du
tour d'Espagne ou enlever une étape de l'Etoile de Bessèges.
« C'est quelque chose à vivre. Mais cinq ans, ça suffisait ; je n'ai pas signé
pour deux ans supplémentaires car j'ai eu une opportunité de reconversion.
J'avais envie de donner un sens nouveau à ma vie. » En revanche, pas question
de laisser le vélo comme pourraient le démontrer les championnats de France
2009 de duathlon programmés le 30 mai. Une spécialité qui explique sa présence
au départ des courses hors stade ? Pas si simple.
Victime d'un terrible accident, sérieusement touché à une jambe, Eric
Leblacher s'était lancé un défi. « Il y a dix mois, alors que je n'étais
pas au top, je souhaiter essayer de faire un marathon en 2009. Juste pour me
donner un horizon. » Son rôle de consultant sur Sport+ l'empêchant d'être présent
au marathon de Sénart, Eric a donc choisi Gueugnon ; « un parcours très
vallonné et au travers de très beaux paysages. »
Pari tenu ; comme il le souhaitait, Eric Leblacher est bien « devenu un
marathonien au soir du 18 avril. » manquant son objectif de trois heures pour
deux petites minutes seulement qui n'enlevait rien à sa satisfaction. « C'était
mon défi ; certains vont à Saint-Jacques de Compostelle à pieds, moi je
voulais faire un marathon. Et même si la fin a été très difficile, je suis
très content ; à mon avis, c'est une belle petite aventure humaine. »
Retour marathon de
Gueugnon
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