INTERVIEW DE PATRICE BRUEL

INTERVIEW DE PATRICE BRUEL (réalisée en février 2009)

Patrice Bruel, si vous êtes un fidèle de marathon-info, son nom vous est forcément connu, car depuis trois ans, il truste la première place du challenge marathon-info sénior ( voir sa fiche), et après Ghislain Ploix et Murielle Brionne le troisième lauréat de ce challenge 2008 vous est enfin présenté. La rencontre avec ce passionné a vraiment été une bonne surprise, personnage au franc parlé, on sent surtout quelqu'un qui aime avant tout le sport en général, la course à pied en particulier, et le marathon plus que toute autre discipline, découvrez-le à travers cette interview qui vous permettra de mieux connaître cet insatiable marathonien, un personnage comme on les aime sur marathon-info.

marathon-info:Tout d'abord Patrice peut-eu nous dire un petit peu d'où tu viens et quel a été ton parcours sportif jusqu'ici?

D'abord je dirai que je suis aveyronnais de naissance, mais je suis Toulousain de coeur puisque c'est dans cette ville que j'ai fait mes études, j'y reviens souvent et c'est là que j'ai plaisir à être. Il se trouve que mon parcours m'a amené dans le Gers où j'habite actuellement, je m'y sens bien aussi mais de coeur je me considère comme Toulousain.

Pour ce qui est de mon parcours sportif, j'ai toujours été un pratiquant de sport régulier, mon premier sport ça a été le cyclisme, je n'ai jamais fait de compétition dans cette discipline mais c'est le vélo qui m'a donné le goût de l'effort de longue durée, et d'ailleurs je continue à en faire régulièrement surtout l'été à la belle saison. J'aime bien le vélo car je trouve que ça ouvre d'autres horizons, il y a l'aspect découverte, ça permet de découvrir des régions.. Mais je dois dire que une chose qui m'intrigue, c'est que j'arrive à me faire remarquer un petit peu en course à pied, alors qu'en vélo je n'ai pas un niveau très élévé. Il m'arrive de faire des cyclo sportives, comme la Lapébie dans les Pyrénees, mais je dois dire que je préfère de loin l'état d'esprit qui règne dans le monde de la course à pied, je trouve que les gens sont plus simple dans ce milieu là. Ce qui me plait dans le sport c'est l'effort dans lui même et c'est pas de regarder celui qui a le plus beau vélo par exemple....

Tu as commencé par faire du sport jeune?

Moi j'ai commencé comme beaucoup de jeunes à faire du foot quand j'étais gamin, mais j'ai toujours ressenti que la pratique sportive était important pour moi. Pourtant étant jeune j'étais plutôt classé parmi les "intello" car j'avais de la facilité dans les études, mais en même temps le sport a été très vite nécessaire pour moi, et surtout il y a le fait d'être dehors car je ne supporte pas d'être enfermé une journée entière chez moi, le jour où je ne sors pas de chez moi c'est qu'il y a un problème (rires). en fait je suis quelqu'un d'assez nerveux intérieurement et j'ai besoin d'aller me défouler.

Voilà sinon bon à part le foot quand j'étais jeune, je me suis mis au vélo un peu tout seul, mais par contre je faisais des virées très longues, il m'est arrivé de faire 1000 bornes en 5 jours, par exemple une fois j'ai fait l'aller retour Toulouse/ardèche tout seul, je me faisais des étapes de 200 bornes en moyenne. Une fois aussi j'ai fait un truc qui m'a marqué avec un collègue quand je bossais en région parisienne, on a fait Paris-Toulouse à vélo sur 5 jours, je sais que c'est pas un exploit, mais bon c'est quelque chose qui nous a marqué. Pour ce qui est de la course à pied, j'ai commencé à courir régulièrement à partir de 1994, en fait je revenais d'Angleterre où j'avais passé une année à me laisser un peu aller, j'avais un peu grossi et je cherchais quelque chose pour réagir, c'est à cette époque que j'ai commencé à trotter un peu, j'avais 23 ans. Je suis prof d'anglais et à l'époque j'avais mon premier poste sur Créteil, et mes premières foulées je les ai fait là-bas autour de la base de loisir de Créteil, d'ailleurs à l'époque il existait les 10km autour du lac de Créteil, je les voyais mettre la rubalise, mais j'avais jamais participé à une compet. 

Comment es-tu venu à la compétition alors?

Mes premières compétitions je les ai faites en 1996, et c'est par l'intermédiaire de parents d'élève du collège où je travaillais, il s'agissait de passionnés qui m'ont incité à venir avec eux sur les courses, et c'est comme ça que j'ai commencé. Ma première compet c'était le semi marathon de l'aéroport de Roissy Charles de Gaulle, et j'avais mis 1h21. 

Tu l'avais bien préparé?

Non je n'avais aucun repère, mais je dois dire que pour ma part je n'ai pas la patience de suivre un plan d'entraînement, c'est une approche trop scientifique pour moi, mes plans d'entraînement je me les fait moi-même. on peut toujours me rétorquer qu'en m'y prenant autrement j'aurai peut-être fait de meilleurs résultats mais j'ai jamais eu le goût de suivre ces trucs là, c'est trop rigoureux pour moi. Mais à la base moi ce qui me plait c'est de courir longtemps et avoir la satisfaction de maîtriser mon effort. Par exemple actuellement ma façon de m'entraîner est la suivante, dans une semaine donnée, je vais faire au moins une, souvent deux sorties de plus de 2h. Pour beaucoup de monde cela va paraître aberrant, mais je pense aussi que ça me permet d'enchaîner les courses...

Avant de parler de ton entraînement et pour en finir avec tes débuts, est-ce que tu te souviens de ton premier marathon?

Oui très bien, je vais même te dire comment je l'avais préparé. J'habitais à l'époque en Seine st Denis, pas loin du canal de l'ourque, c'est un endroit assez prisé des coureurs à pied en région parisienne. Alors après avoir fait le semi en 1996, en 1997 j'ai voulu voir ce que c'était un marathon, mais en même temps j'avais besoin de savoir si j'étais capable de le faire et d'être prêt, alors début juillet 97, je suis parti de chez moi, et je me suis dit, je vais essayer d'aller jusqu'à Meaux depuis Pavillon sous bois en suivant le canal, et j'ai couru la distance en trois heures. Alors je me suis dit puisque t'as tenu trois heures, tu dois pouvoir faire un marathon. Deux mois après j'ai donc fait mon premier marathon, c'était le marathon de la ville de Chantilly dans l'Oise qui n'existe plus maintenant. je me rappelle de ma course, je suis parti prudemment car je voulais finir avant tout, il y avait deux boucles à faire et à la la première boucle j'étais surpris de me trouver plutôt devant, et finalement j'ai terminé 5ième, en 2h43'18"; je me souviens précisément du temps maintenant encore, et alors le plus extraordinaire pour moi, ça a été de repartir avec un chèque de 2500frs de l'époque, et des cadeaux, alors j'ai trouvé ça plutôt sympa car j'étais vraiment venu sans aucun repère!! (rires) C'est vraiment un bon souvenir, et ensuite j'ai enchaîner avec le marathon de Reims, où j'ai fait 2h39 et je finissait autour de la 80ième place, et là j'ai bien vu alors que je tirais mon épingle du jeu. Et voilà c'était parti, après j'ai du faire Caen en 1998, puis Paris en 2h36'19", j'étais 130ième. depuis j'ai continué à en faire régulièrement. 

Ensuite j'ai été muté sur Toulouse, et là j'ai un autre souvenir marquant, personne ne me connaissait sur la course à pied régionale, et je m'étais inscrit à la trans-lauragaise, qui n'existe plus maintenant, à l'époque il y avait un coureur nommé Alain Bergès que l'on m'avait donné comme point de repère, il avait gagné plusieurs fois cette épreuve, et j'ai gagné cette épreuve avec une dizaine de minutes d'avance sur ce fameux Bergès, et à l'époque Pascal Lemeur du club du SATUC était venu me voir pour m'inciter à venir au club, mais comment dire, à la base moi j'ai un complexe d'infériorité par rapport à tous ceux qui ont fait de l'athlé sur piste, et je me suis dit le jour où je vais aller en club ils vont me mettre sur une piste et ils vont me trouver trop lent, et je crois que j'avais peur de pas être à la hauteur de ce qu'on allait me demander, et du coup je suis resté dans mon coin faire mon petit truc, j'ai pas osé franchir le pas. 

Et qu'est-ce qui t'a amené ensuite à enchaîner les marathons et à en faire une douzaine comme ça a été le cas en 2008?

Je vais te dire, quelque part tu y es pour quelque chose, car par ton intermédiaire, on s'est un peu motivé, ton site a aidé les gens à se connaître mieux, à force de participer aux marathons, tu retiens des noms que tu as vu sur le site, tu te dis tiens j'ai vu untel sur cette course, ton site a participé au fait que les coureurs se connaissent mieux et se rencontrent. Maintenant ce qui me fait plaisir quand je vais sur une course, c'est l'aspect convivial, j'ai des repères, des gens que je connais, je sais que si je vais sur une course je vais voir untel ou untel, et après on a le plaisir de se "tirer la bourre", donc en fait ton site a joué un rôle de catalyseur. Bon j'ai le plaisir de faire la course bien entendu, mais il y a aussi le fait d'aller à un endroit, faire un w end où je me dépayse, et c'est parfois l'occasion d'aller à des endroits où tu ne serais jamais aller autrement. J'ai fait des marathons à Moulins le marathon de l'isle, en saône et Loire avec le marathon du Charollais, j'avais aucune raison d'aller là-bas sauf pour aller courir, c'est un prétexte pour aller dans une région que je ne connais pas. Alors après c'est vrai que je remarque que j'encaisse bien les efforts, je peux pas le nier.

Alors justement on y vient, au niveau de ton entraînement as-tu une préparation spécifique l'hiver? Et comment tu gères l'entraînement entre des épreuves parfois rapprochées?

Alors moi d'abord je ne fais jamais les cross, je n'aime pas ça, j'aime pas courir dans la bouillasse, le trail j'en ai fait mais j'aime moyennement aussi, car je trouve que les appuis sont trop incertains, en fait je n'aime pas les épreuves où le terrain est tellement accidenté que tu en arrives à ne plus courir, car ce qui me plait, c'est de courir. J'ai eu quelques expériences malheureuses dans les cross, une année j'ai essayé de faire le cross des argoulets à Toulouse, et j'ai fini avec ma godasse dans la boue (rires).; bon peut-être qu'un jour je réessaierai car il parait que ça fait du bien les cross.. Mais pour mieux répondre à ta question je ne change pas de formule toute l'année, je m'entraîne régulièrement toute l'année, en moyenne sur une année je fais 100 bornes par semaine, donc entre 5500 et 6000km sur l'année. Donc ma recette à moi elle est simple, je cours beaucoup, et souvent plus de deux heures, pas loin de la moitié de mon entraînement sont fait de sorties de plus de deux heures sur un rythme de marathon. Alors beaucoup me disent, et à juste titre, que ça va m'empêcher de progresser, mais de toute façon je pense pas que c'est à 38 ans que je vais faire des miracles.. Alors voilà comment je fonctionne, et je n'ai pas de période où je vais vraiment couper. La seule différence c'est qu'à la belle saison je sors le vélo, c'est le seul moment où j'allège un peu la course. 

Et comment tu gères l'enchaînement des marathons?

La seule règle que j'ai c'est qu'après un marathon, je me donne 48h de repos, mais le troisième jour je recours, parfois même le deuxième si je sens que j'ai bien récupéré. Alors j'ai pas des qualités de coureur exceptionnelles, mais par contre je pense que j'ai une bonne aptitude à récupérer, c'est une de mes grosses satisfactions. Bon objectivement je pense que la fatigue elle y est, si on faisait des prises de sang on la verrait sans doute, mais ce n'est pas une fatigue ressentie. 

Tu n'as pas peur de payer tous ces kilomètres que tu fais un jour?

Alors bon je touche du bois, mais je dois dire qu'au niveau blessures, je suis épargné jusqu'à présent, je n'ai pratiquement jamais rien, j'ai eu un seul gros problème, une sciatique en 2000, j'ai d'ailleurs du abandonner le marathon d'Albi cette année là, mais en fait je pense que c'était lié à mes conditions de travail de l'époque, j'avais des soucis, et je pense que j'avais des facteurs de déséquilibre nerveux qui faisaient que ma sciatique s'est déclarée à cette époque. Depuis je n'ai rien eu de grave à ce niveau là. Après j'ai eu de rares bobos plus minimes, par exemple fin 2007 avant le premier marathon de Toulouse, un médecin m'a dit que j'avais une tendinite du releveur du pied à deux jours du marathon, il m'a donc dit de ne pas le faire, mais j'ai voulu quand même tenté de le faire, en me disant que si je ne finissais pas j'aurais une bonne raison, et puis en fait au cours de l'effort la douleur a disparu, donc là je n'ai rien compris....Donc j'ai vraiment très peu de blessures, et je pense que j'ai une foulée qui est très rasante, et ça doit m'épargner un peu, elle est tellement rasante qu'au premier marathon de Toulouse toujours, je me suis pris les pieds dans un petit dos d'âne et je suis tombé (rires).

Qu'est-ce qui te plait le plus sur la distance du marathon?

En fait pour moi c'est la distance parfaite entre un aspect athlétique, dans le sens où il faut quand même une intensité pour avancer et que le résultat soit bon, un aspect endurance et un aspect mental. C'est ce point d'équilibre entre la vitesse pure, car pour les tous meilleurs le marathon c'est un sprint de 42 bornes, même si pour nous c'est un peu différent, on n'en est pas là on fait ce que l'on peut, mais dans l'absolu, il faut que ça devienne un effort de résistance sur 42 bornes. et c'est cet équilibre entre vitesse, mental, et endurance que je trouve passionnant. 

Là en ce moment je suis en train de me tâter pour faire un cent bornes, alors j'en ai pas encore fait, donc peut-être je dirai pas la même chose quand j'aurai tenté l'expérience, mais ce que je veux dire c'est que quelque part un cent borne, l'aspect athlétique commence à repasser un peu à l'arrière plan, parce que on va courir moins vite, et le mental va prendre une plus grosse part dans le résultat. Donc voilà dans le marathon il y a l'intensité nécessaire pour faire un bon temps, et en même temps il faut trouver l'équation entre intensité et résistance, et c'est la distance parfaite pour cela le marathon. Alors que sur 100 bornes, il y aura forcément des grosses phases de creux, je pense que ça doit pas être du tout la même chose. 

Tu as compté combien tu as fait de marathons en tout? est-ce que tu prends toujours autant de plaisir au départ d'un marathon?

Oui alors là j'en suis à 58, dont 36 depuis 2005. Et pour l'instant je ne suis pas saturé. je n'ai jamais eu de problème de motivation sauf une fois, et c'est un mauvais souvenir, à Carcassonne en 2004, c'était en octobre, il faisait encore relativement chaud pour la saison, je pars, au début je me sentais super bien, et tout à coup arrivé au km 21, je commençais à faire ce qu'il ne faut surtout pas faire, c'est à dire à raisonner en terme de kilomètres restant, chose que j'évite soigneusement de faire habituellement, et ce jour là j'ai abandonné sans raison physique au trentième alors que j'étais 5ième, mais j'avais envie de boire, je me sentais lourd, j'avais plus envie, et c'est le seul que j'ai abandonné avec celui d'Albi que j'ai abandonné à cause d'une sciatique. Mais à Carcassonne ça m'a fait beaucoup plus mal, et je me suis alors posé la question de savoir si je n'avais pas un problème de motivation, mais la preuve que non car après j'ai rebondi, et j'ai retrouvé la motivation. Je me demande d'ailleurs si ça n'a pas coïncidé avec la découverte de ton site, ça a pu jouer sur ma motivation, je me suis dit tiens il y a quelqu'un qui s'intéresse à ce que font les amateurs, ça a du m'aider quelque part. Je veux pas en faire une tonne là-dessus mais j'entends plein de gars qui parlent de ton site, et je me suis fait de bons amis comme Ghislain Ploix que tu as interviewé il y a peu. L'effort ça crée des liens, car on s'est trouvé souvent ensemble, et il m'a laissé quelquefois scotché, d'ailleurs y'a eu une période où sans arrêt il me larguait j'en avais un peu marre (rires).

Il me disait dans son interview que parfois tu partais un peu vite et qu'il t'arrivait d'avoir du mal à finir les courses

Il a  pas tort, car le problème c'est que parfois je me laisse griser, et justement parfois je me disais tu vas courir un peu en "vautour", tu vas attendre, c'est à dire courir un peu comme Ghislain, de façon intelligente en fait, et ça sur marathon c'est important de courir de façon intelligente, mais moi parfois je me laisse trop griser si je me sens bien. Bon je suis pas le seul,  par exemple je connais de bons coureurs de semi, qui ont un meilleur potentiel que moi, mais que je vois se brûler les ailes sur marathon, et c'est sur que l'expérience compte sur cette course, il faut aussi courir avec sa tête, savoir lever le pied, savoir se mettre dans un groupe et attendre, c'est ça aussi qui est intéressant sur cette course. Et puis un marathon c'est comme un petit film, le scénario est toujours différent, chaque course à ses caractéristiques, j'aime ce moment sur marathon où tu fais avec ce qu'il te reste, et là c'est le dialogue entre la tête et le corps, tu de dis "qu'est-ce que je dois faire maintenant et qu'est-ce que je peux faire", cet espèce de dialogue intérieur il est moins intense sur les distances plus courtes, moins déterminant.

Je me rappelle que sur le forum marathon-info tu as été un peu chahuté à une époque car tu trouvais qu'en tant que non licencié certains organisateurs te considéraient un peu différemment que des coureurs licenciés, et on t'a taxé d'avoir la grosse tête, est-ce que ces critiques t'ont touchées?

Je crois que cette histoire c'est surtout un gros malentendu, le point de départ de tout cela je pense que c'est quelque chose que je peux ré-expliquer et qui me semble tout à fait compréhensible, en 2006 j'ai fait la marathon de Nantes, j'avais fini 5ième en 2h37, bon d'accord c'est un temps modeste, je suis d'accord, là n'est pas le problème. Quelques temps plus tard j'achète un numéro du magazine VO2 avec un DVD sur les marathons de printemps, avec un reportage sur le marathon de Nantes, et sur ce marathon j'avais mené la course pendant la première moitié, ensuite j'avais justement peiné dans la seconde partie comme on en parlait tout à l'heure, et je me suis dit s'il y a un reportage sur le marathon de Nantes je risque de m'y voir à un moment ou un autre, je l'aurai acheté de toute façon mais là c'était une raison de plus. Là je rentre chez moi, je visionne le truc, et à la fin on voit arriver les coureurs, je vois arriver les 4 premiers (dont Sylvain Bazin que je connaissais pas encore à l'époque et grâce à qui je suis parti à la Réunion l'an passé et que je remercie au passage) , et après le 4ième on voit arriver le 6ième et donc je n'apparais pas. Et donc je dis à tous les gens qui m'ont critiqué, est-ce qu'ils trouveraient agréable que leur participation à la course soit carrément niée, car j'ai couru comme les autres, et ce n'est pas parce que je ne suis pas dans un club que mon effort était moins respectable. j'étais un lecteur de ce magazine mais depuis je ne le suis plus car des gens qui ne respectent pas l'effort d'un individu donné....Je pense que ce que j'ai ressenti est tout à fait compréhensible, car c'est contraire à l'esprit sportif de faire ce genre de différence, et pour moi c'était blessant. Qu'est-ce qui fait la popularité du marathon aujourd'hui, c'est essentiellement la masse des non licenciés qui viennent grossir le peloton, et les organisateurs sont bien content de les avoir! Voilà bon après ma réaction que je qualifierai d'épidermique était compréhensible mais après ça s'arrêtait là, j'étais juste blessé de ça. Dans le fond c'est pas grave, ça ne m'a pas empêché de dormir non plus hein, mais je veux dire c'est pas bien, c'est pas l'esprit sportif que j'aime, on a tous le même mérite par rapport à un même effort donné.

Je serai curieux de connaître ton avis par rapport aux déclarations de Gebresselassie qui pense que la barrière des 2h sera bientôt franchie sur marathon, moi ça me fait presque peur, qu'en penses-tu?

C'est une question compliquée car la finalité du sport c'est de faire toujours un peu mieux, mais c'est vrai qu'après on touche à la question des limites que peut faire un individu. Moi je m'intéresse un peu à tout ce qui touche à la physiologie, et je serai un peu comme toi, il vaut mieux être sûr des performances car il y a des choses bizarres, quand je vois des gens qui font des temps exceptionnels et qui quelques temps après font un quart d'heure de plus et pas de façon accidentelle, on peut se poser des questions... Mais bon tout cela ne me concerne pas, nous sommes des coureurs amateurs, on évolue dans un autre monde.

Pour finir le questionnaire que j'ai posé aux autres vainqueurs du challenge, tu n'y échapperas pas!! pour commencer peux-tu me dire quel est ton marathon préféré?

Question difficile, est-ce que j'ai un marathon préféré? Non plutôt qu'un marathon préféré je dirai que j'aime bien ceux où on évolue en bord de mer, par exemple j'aimais beaucoup faire le marathon de la Liberté à Caen quand j'habitais dans le nord, on suit les plages du débarquement et je trouvais superbe d"évoluer en bord de mer comme ça. En fait j'adore l'idée de courir avec de l'eau à côté, mais malheureusement j'en ai pas fait beaucoup comme cela.

As-tu un marathonien ou une marathonienne qui t'a marqué?

Quand je ne courrais pas encore je me rappelle d'un gars qui s'appelait Richard Nerurkar, alors je dirai pas que c'est mon marathonien préféré mais c'est un de mes premiers souvenir quand je me suis intéressé un peu au marathon. là en ce moment je lis un bouquin sur Zatopek, et c'était quelqu'un d'épatant, un phénomène. En plus il avait toujours l'air d'être dans las affres de la souffrance. Et puis bien sûr il y a Alain Mimoun, je le trouve touchant par sa façon d'en parler, on dirait quand il parle de ses courses qu'il les vit encore. Et puis il y a une autre personne dont je suis admiratif, c'est Serge Girard qui a traversé les continents même si c'est une autre approche que le marathon. je suis plus admiratif de ce genre de personnage en fait.

Est-ce qu'il y a une course que tu n'as pas faite que tu rêverais de faire un jour?

Oui il y a une course qui me parait sympa à faire c'est le marathon des sables, quelque chose comme ça qui permettrait d'appréhender les grands espaces. Sinon il y a la Badwater aux états Unis, depuis que j'ai su qu'ils voyaient des éléphants roses en courant ça m'a intrigué (rires)

Un sportif que tu admires, tous sports confondus

J'adorais Michel Platini, quand j'étais gamin j'ai eu beaucoup d'émotions devant ma télé qui étaient du à lui. A la coupe du monde 86, quand il a raté son penalty je me rappelle comme j'étais malheureux. Et puis ce gars je lui trouvais quelque chose de sympa.. je dirai lui pour mes souvenirs d'enfance.

As-tu un style de musique préféré?

Moi je suis très guitare, mon grand regret c'est de ne jamais avoir joué d'un instrument. alors j'aime bien les guitaristes comme Mark Knopfler des Dire straits, et j'aime bien la musique américaine, Bruce Spingteen dont j'ai acheté le dernier album par exemple, et j'aime bien le blues aussi avec ce que ça peut véhiculer comme valeur, dans leurs chansons ils parlent beaucoup de choses comme transformer la difficulté en quelque chose de positif, de s'accrocher. Oui je suis très musique américaine.

Et pour ce qui est du cinéma, quels sont tes goûts?

Alors là j'adore le cinéma français des années 70, et comme acteur j'adorais Patrick Dewaere, il avait une capacité à vivre ses rôles!!, des films comme "série noire" d'Alain Corneau. J'ai vu un reportage sur Dewaere ou dans une scène au début il se tape la tête contre une voiture, et les gens qui étaient autour de lui s'inquiétaient pour lui tellement il jouait la scène à fond. Il joue dans ce film un gars qui vit une descente aux enfers, et il y a des scènes qui sont criantes de vérité!! Oui j'aime ce cinéma français des années soixante dix avec des acteurs qui occupaient l'écran. J'ai revu y'a pas longtemps "police python" avec Yves Montant, le cinéma de Blier aussi, avec son côté un peu caustique et provocateur. Et dans le cinéma américain j'aime bien Jim Jarmusch. C'est bizarre mais dans les films j'aime bien les paumés, les gars un peu en marge, les gars qui sont pas dans les rails, et on retrouve souvent cela dans les films de Jarmusch. J'aime bien aussi tout ce qui a un rapport à l'errance, bon de là à faire le lien avec le marathon je sais pas (rires).

Quelle est ta région préférée en France?

Alors là sans hésiter la Corse, quand j'ai découvert cette région j'ai été scié, les paysages sont extraordinaires, il y a de ces couchers de soleil!! et puis j'aime l'amalgame entre la Corse de l'intérieur et ses petits villages et les côtes.

S'il y avait un pays où tu aimerais aller?

Etant prof d'anglais et n'ayant jamais été aux Etats-unis, je dirai les Etats-Unis, mais pas les Etats-Unis des grandes villes comme New-York, mais plutôt celui des grands espaces. J'aime pas trop le côté branché américain, je prefèrerais aller voir les Cow-Boys!!

Pour terminer, peux-tu nous donner tes objectifs sportifs pour cette année et tes voeux?

Tu sais j'ai horreur de planifier, alors les choses viendront comme elles viendront, le truc qui serait nouveau pour moi ce serait peut-être de faire un cent bornes, j'aimerais bien essayer... J'ai vu Chavagnes, peut-être... Mais je me pose un peu des questions sur la façon de m'entraîner. De toute façon ça m'étonnerait que je fasse encore 12 marathons comme l'an passé. Au mois de novembre j'avais fait 11 marathons et j'en avais assez, mais en décembre y'avait le marathon des côteaux près de Toulouse qui est assez dur, et je l'ai fait car je me suis dit ça fera douze marathons, pour douze mois!!

Si je peux me permettre, mon activité de course m'a donné le bonheur de rencontrer plein de gens et j'aimerai en profiter pour leur passer un petit bonjour, même si je vais sans doute en oublier, il y a Ghislain Ploix, Yves Robin, Dominique Lavigne, Laurent Redon, et aussi l'équipe running Toulouse de Bertrand Olivan.