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INTERVIEW DE DIDIER LUSSO (janvier 2010) Didier Lusso,sauf si vous sous intéressez un peu au cyclisme nordiste, ce nom vous était sans doute inconnu, mais depuis cette année, si vous êtes un fidèle de marathon-info et si vous suivez de près le challenge, vous avez sans doute appris à connaître ce coureur qui se fait remarquer surtout depuis deux ans avec une année 2009 de toute beauté, jugez plutôt, quatre marathons cette année à son actif, dont le record de France V2 obtenu lors du marathon de Paris, puis un titre de champion de France V2 à Reims, avant de gagner le challenge vétéran marathon-info au finish sur une dernière course à La Rochelle, c'est ce que l'on appelle un sans faute. Alors évidement, il m'est apparu nécessaire de mieux vous faire connaître ce sympatique coureur venu du noooooooord!
J'ai 50 ans, je suis marié et j'ai un enfant qui a vingt ans, j'ai repris la compétition pédestre depuis 2007, c'est donc relativement récent, je dirige une maison de retraite et je suis natif de la région du Nord, plus exactement de Douai. On a d'ailleurs notre marathon entre Lille et Lens chaque année, c'est d'ailleurs sur cette épreuve que j'ai découvert le marathon. En 2007 tu as fait ton premier marathon? Tu n'en avais jamais fait avant? Non jamais c'était mon premier Peux-tu nous parler de ton passé de sportif, car je suppose que tu n'es pas à ce niveau par hasard! En fait moi je suis un ancien cycliste, j'ai commencé ma carrière cycliste en 1975 à l'âge de 16 ans pour la terminer en 2005, donc j'ai couru très tard, j'ai terminé en niveau national, ce qui était un niveau assez élevé malgré mon âge, j'avais d'ailleurs terminé ma carrière sur deux victoires et une place de troisième, donc je n'ai n'étais pas encore "cuit", mais j'avais fait un peu le tour de la question et beaucoup bourlingué sur les routes. Pendant toutes tes années de cycliste, tu n'as jamais eu de moments de saturation? Si pendant ma première partie de carrière, à un certain moment j'étais saturé car je voulais absolument passer le rubicon et devenir professionnel, et quand on veut quelque chose tellement fort et bien c'est souvent là que l'on ne réussit pas, et pour moi c'était presque vital!! C'est un regret pour toi de ne jamais être passé professionnel? Aujourd'hui non pas tellement, je me dis qu'avec une certaine maturité, logiquement j'aurai du être un bon professionnel, mais regretter bon... Peut-être un peu, mais je me dis qu'aujourd'hui à plus de 50 ans je suis encore sur les routes et encore compétitif, donc quelque part avec le recul, dans ma deuxième carrière j'ai pris énormément de plaisir sur le vélo, à un moment où je n'avais aucune ambition particulière. Quel profil avais-tu en vélo, tu étais plutôt typé rouleur? grimpeur? sprinteur? Oh disons que je passais un peu partout, disons que j'aurais été plus facilement grimpeur, mais en vieillissant je devenais de plus en plus rouleur. On voit de nombreux coureurs cyclistes passer sur marathon ces dernières années, a tel point que ça semble presque être une transition logique, qu'en penses tu? On voit tout de même des coureurs cyclistes qui n'ont pas la même réussite, mais au départ il y a un potentiel c'est certain, l'appareil cardio vasculaire est déjà important et c'est vrai que le plus difficile pour moi ça a été de remettre en place ma musculature, ça a été très difficile sur ce point là. Et quand tu pratiquais le cyclisme, avais tu déjà une petite place pour la course à pied ou ne pratiquais tu pas du tout cette discipline? J'aimais bien courir l'hiver, ça faisait parti de ma préparation hivernale. j'ai fait cela pas mal de temps sauf les dernières années où je n'arrêtais jamais de rouler, car plus on vieilli et plus on a peur de perdre la condition. Mais j'aimais courir, d'ailleurs j'ai eu un petit intermède à la fin des années 80 où j'ai couru à pied, très peu de temps mais ça m'a permis de me tester notamment sur des distances comme le vingt kilomètres où j'avais mis 1h03'50" alors que je n'étais pas réellement préparé, je faisais 3 à 4 entraînements par semaine. En fait ma carrière cycliste s'est bien décomposée en deux parties, une partie où j'étais en très haut niveau amateur, l'antichambre des professionnels, et ensuite j'ai privilégié ma carrière professionnelle quand j'ai vu que je n'étais pas arrivé à passer pro très jeune, j'ai un peu tourné la page un moment, puis j'ai redécouvert pas la suite le cyclisme de haut niveau ce qui m'a permis de gagner beaucoup de courses. Alors comment
as-tu pris la décision d'arrêter le vélo, tu voulais passer à autre chose et Oui je voulais faire autre chose, comme je t'ai dit tout à l'heure j'avais fait un peu le tour, j'étais un an sans faire de compétition, j'allais courir un peu avec les copains comme ça c'est tout. et puis donc la saison terminée j'ai pas repris de licence et j'ai décidé de recourir, au départ c'était difficile, au bout de 2 ou 3 kilomètres j'avais très mal aux muscles, et puis c'est revenu. j'ai fait une petite compétition fin 2006, et ma seconde compétition c'était le marathon du Louvre. Mais je me suis lancé sur marathon plus sur un défi qu'autre chose, j'ai découvert des copains m'ont invité à venir courir avec eux, et dans le groupe personne n'était descendu en dessous des trois heures et moi je leur ai dit que j'allais réussir à le faire, chose que j'ai réussi dès le premier. Mais ceci dit mon premier marathon est un souvenir pénible car c'était très difficile, et ça m'a rappelé qu'il faut rester très humble devant la difficulté du sport. Souvenir peut-être pénible mais qui ne t'a pas rebuté puisque ça a été le début d'une belle aventure. Est-ce que ça a été un déclic ton premier marathon? Non bien sûr que non ça ne m'a pas rebuté, bien au contraire je me suis servi de cette expérience pour encore mieux avancer. Et en effet ça a été un déclic, car en faisant 2h50 j'ai compris que j'avais un certain potentiel car je savais que par la suite je pouvais améliorer ce temps là. Et d'ailleurs dès mon second marathon à Dunkerque j'ai mis 2h39, il s'agissait des championnats de France. Tu t'étais entraîné de façon plus sérieuse à ce moment là? Oui tout à fait, à partir de là je me suis entraîné plus sérieusement. Alors le gros souci c'est que la musculature ne me permettait pas de supporter une charge de travail trop importante, il a fallu que je sois patient, et j'ai pu m'entraîner correctement à partir de 2008. Comment est-ce que tu t'entraînes, tu es dans un club ou tu t'entraînes seul? Je rencontre un groupe de copain, trois fois par semaine on se retrouve sur une place pour aller sur les routes, il y a tous les niveaux. On part ensemble et on se donne rendez vous au retour, on soigne la convivialité. Je me suis inscrit à un club (Auby athlétic club) sinon mais je l'ai fait essentiellement pour faire valider le record de France de ma catégorie, qui était le but que je m'étais fixé. Je détiens désormais les deux meilleurs chronos jamais réalisés par un coureur de plus de 50 ans, d'ailleurs je croyais que c'était Dominique Chauvelier qui le détenait mais ce n'était pas lui. Franchement c'était le but que je m'étais fixé cette année, battre ce record de France. Est-ce que tu peux d'ailleurs nous parler de ta formidable année 2009, qui a débuté par le marathon de Paris? Avant le marathon de Paris, j'avais fait le semi de St Quentin qui était le support des championnats de Picardie, et là j'ai terminé second trois semaines avant Paris, d'ailleurs si j'avais été Picard, j'aurai été champion de Picardie. Ce jour là j'étais parti comme je t'ai dit pour battre le record de France V2, donc j'ai pris des risques, je suis parti assez rapidement, je suis passé en 1h14'15" au semi marathon, au 10km je crois que j'étais en 34'30", donc je suis parti assez rapidement, et je n'ai pas réellement fléchi sauf dans le bois de Boulogne où je me suis un peu tassé, pour finalement relancer un peu vers la fin du marathon. Ensuite un mois et une semaine après j'ai enchaîné sur la route du Louvre, tout le monde me disait que c'était trop rapproché, mais bon comme c'est chez moi, et puis la préparation avait été faite pour le premier, alors je me suis entretenu, j'ai récupéré et ça a bien passé, je veux pas dire que je n'étais pas fatigué, d'autant plus que le marathon de la route du Louvre est assez difficile, j'ai fait 2h36, c'est malgré tout assez correct vu le parcours. Ensuite mon second objectif était les championnats de France où je visais le titre en V2 à Reims, là j'ai fait des semis dans la région pour me maintenir.. Pour la course, bon je ne sais pas si j'aurai pu faire beaucoup mieux, mais j'ai voulu assurer ce jour là, mais j'avais de la marge avec le second V2 qui a fini à dix minutes, donc au final je me dis que j'aurai pu prendre plus de risques, car j'en avais encore un peu sous le pied à l'arrivée Tu as eu quelques regrets dans cette course? Tu aurais pu aller titiller les V1? Non je n'ai pas de regret, si j'avais pris des risques j'aurai pu me planter, l'essentiel pour moi c'était le titre V2, ça me suffisait. De toute façon je n'aurai pas pu aller chercher Brelivet ce jour là hein, aujourd'hui si je pouvais descendre en dessous des 2h30 ce serait déjà magnifique!
Ben... Oui euh.. certainement inconsciemment... Mais je me dis que quelque part, cette année je les avais peut-être les moins de 2h30, mais l'année prochaine? Tu sais les années passent et ne jouent pas en ma faveur hein!! Oui mais finalement tu es encore tout neuf en course à pied!! Oui c'est vrai quand on voit tous les anciens marathoniens, parce que j'ai toujours suivi de près le sport en général y compris les coureurs à pied, je les connaissais et je les suivais, quand je vois que j'arrive à battre des coureurs comme Bertrand Itsweire qui est de ma région, qui a réussi à faire 2 heures 11 au sommet de sa carrière, ça prouve que je ne suis pas usé car j'ai découvert la course à pied tardivement. Si tu as lu l'interview de Patrick Brelivet, il disait qu'il ne savait pas quelle saveur donner à son titre, car les championnats de France n'avaient pas été mis en avant, quel est ton sentiment à toi? C'est vrai qu'ils n'ont pas été mis en avant, mais d'un autre côté les absents ont tort, s'ils n'ont pas été mis en avant c'est peut-être parce que la fédération n'a pas fait le nécessaire, tu sais il y a des sports que l'on met plus en avant mais les perfs des marathoniens... D'ailleurs heureusement qu'il existe des sites comme le tien qui les mettent en valeur... Mais bon ça qu'est-ce que l'on y peut, quand vous jouez au foot vous avez droit à dix pages sur le journal, quand vous êtes marathonien c'est un quart de page, mais Patrick Brelivet je pense était fou de joie à l'arrivée je l'ai vu, et c'est là l'essentiel, le titre il ne le doit à personne, si des coureurs n'étaient pas au départ, c'est que peut-être ce jour là ils n'étaient pas capable de l'être c'est tout!! On n'a pas le droit de snober quelque compétition que ce soit! Et toi tu comptes défendre ton titre l'année prochaine sur le marathon Nice/Cannes? Sais tu déjà quel sera ton programme 2010? Oui j'aimerai bien défendre mon titre, sur marathon on est presque obligé de programmer, là d'abord je vais refaire Paris, j'ai reçu une invitation, puis comme l'année dernière je serai sans doute au Louvre car c'est chez moi, et mon club y tient, et donc ensuite Nice/Cannes je pense que je l'aurai fait quand même car c'est un marathon qui me parlait, ben ça tombe bien puisque en 2010 c'est là-bas que se dérouleront les championnats de France, donc j'y serai sauf blessure pour défendre mon titre. Pour revenir à 2009, tu as fait un quatrième marathon, qui était celui de la Rochelle, alors est-ce que ton but était de remporter le challenge marathon-info? Oui je l'avoue, j'ai découvert ton site et ça a été une motivation pour moi, car c'est vrai que l'on a besoin, quel que soit l'âge, de se fixer des défis, cette année y'a eu le défi du record, puis du championnat, et enfin celui du challenge, pour moi ça avait une importance. Alors c'est vrai qu'à La Rochelle j'étais pas au top, entre Reims et La Rochelle j'ai pas trop récupéré, alors j'ai géré sur cette course, c'est un peu le marathon raté de l'année même si ça n'a pas été une catastrophe, d'autant plus que les conditions n'étaient pas idéales. Que penses tu du niveau vétéran, on a l'impression que cela devient de plus en plus dense, même en V2 il commence à y avoir une sérieuse concurrence, et à côté de cela on voit de moins en moins de jeunes sur le marathon... Moi j'ai été impressionné de voir qu'à Reims, même si c'est vrai c'était les France vétéran, mais il n'y a qu'un seul sénior devant, sur un marathon aussi réputé que celui de Reims c'est curieux tout de même et pas très logique. Ben oui c'est un sport difficile, et comme tous les sports difficiles, les jeunes sont plus attirés par des sports plus simples. On vit dans une société de loisir, on essaie de pas trop se "pourrir la vie". Moi je respecte beaucoup les jeunes qui sont sur les routes et qui s'entraînent énormément car ils ont du mérite, je viens d'un milieu où c'était presque difficile d'avoir un vélo, le plus difficile c'était d'avoir un vélo, ensuite de l'envie on n'en manquait pas, aujourd'hui ils ont facilement le vélo mais ils n'ont plus l'envie. C'est la société qui a évolué, c'est pareil pour d'autres sports, on avait avant de grands boxeurs dans les époques d'après guerre jusqu'aux années 70, on n'en a plus car c'est un sport très difficile. Ensuite on a eu aussi beaucoup de grands cyclistes, on en a moins car là aussi c'est un sport tellement difficile. Il y a l'émergence des pays où la vie est plus dure, et là où la vie est plus dure, on se destine plus facilement vers ces sports là. Et à côté de cela on a l'impression que le niveau vétéran est plus difficile qu'avant, on ne parlait presque pas des V2 avant et maintenant on en voit même qui gagnent des courses Oui tout à fait, j'ai pris l'exemple du semi de st Quentin tout à l'heure, support des championnats de Picardie, et j'ai battu tous les séniors picards, avouons que ce n'est pas tout à fait logique, mais disons que chez les coureurs vétérans ce sont des coureurs qui ont choisi de faire ce sport par passion, c'est la passion qui les rend fort, maintenant en athlétisme les jeunes se destinent d'abord à la piste, et au cross, et quand ils viennent sur le marathon ils ont déjà un certain âge contrairement aux kenyans, ou aux asiatiques qui n'hésitent pas à se lancer sur marathon beaucoup plus tôt. Le marathon justement, est-ce vraiment l'épreuve qui te plait le plus en course à pied? Ah oui sans contestation possible, j'ai toujours dit que le marathon était une épreuve mythique, une épreuve qui a une histoire, au delà de la course, ça représente énormément de choses. Et j'aime bien répéter l'expression d'Emile Zatopek qui disait: "si tu veux courir fais un kilomètre, si tu veux changer ta vie fais un marathon", quelque part cette phrase prend toute son importance quand on a fait un marathon, on est parfois même dans le sublime, et moi je cours essentiellement pour faire des marathons, et quand je fais un semi c'est toujours dans le cadre d'une préparation marathon et avec comme objectif le marathon. Moi je trouve que le marathon est une grande famille, du premier au dernier tout le monde se respecte et les meilleurs marathoniens ne sont pas des êtres inaccessibles comme peuvent l'être certains footballeurs par exemple. Tout à fait il suffit de regarder l'arrivée d'un marathon pour tout comprendre, moi j'aime bien observer l'arrivée des marathons, on regarde les personnes, on attend les copains, puis on se prend au jeu et on regarde tout le monde, et on voit la souffrance de personnes qui terminent les 200 derniers mètres dans des conditions terribles, et quand la ligne est franchie, le regard s'épanoui malgré la souffrance. J'ai vu énormément de femmes pleurer de joie, joie mélangée avec la douleur, mais pleurer à chercher des bras pour pouvoir embrasser, c'est quelque chose qui vous apporte énormément ce type d'effort. L'organisation du marathon de Paris m'a envoyé un très beau livre qui s'intitule "la ligne bleue", il y a peu de pages mais en fait on comprend tout, quand on fait du marathon... C'est l'histoire de quelqu'un qui ambitionne d'en faire un et qui abandonne, et justement qui réaprend à avoir une hygiène de vie correcte et de A à Z explique tous les efforts qu'il a du faire, et c'est exactement ce que n'importe quel marathonien ressent en fait, jusqu'au franchissement de cette ligne, mais cette fois de la ligne d'arrivée après avoir suivi la ligne bleue qui l'a amené à l'arrivée. Je l'ai trouvé très beau ce livre. Et puis chaque marathon est différent, on a toujours un doute à un moment ou à un autre Il y a toujours à moment donné un certain doute qui s'installe et c'est ce fameux stress qu'il faut positiver, c'est pas facile. Mais quand je me présente à une compétition sans stress c'est pas bon pour moi. je ne peux pas réussir une compétition si je n'ai pas été un peu stressé avant. Avec l'expérience ce stress là j'arrive à le positiver. Et puis je me dis que si l'on a fait tout ce qu'il fallait, à par avoir un gros pépin, on ne peut pas passer complètement à côté. Et l'hiver il n'y a pas de marathon, alors que fais tu? Ben là tu vois ce soir j'ai couru une heure et demie avec mes copains, dimanche j'ai fait une sortie de deux heures et quart, je récupère et j'essaie de me maintenir et de garder la condition, car quand on arrive à ces ages là, la courbe ne doit pas trop descendre sinon après c'est encore plus difficile de la faire remonter. Par contre en hiver je ne participe pas aux cross, ça a été la condition que j'ai donnée au club, je choisis mon programme et je ne fais pas les cross, car je travaille pour faire les marathons, et si je devais me présenter à un cross je devrais travailler autrement et ça je n'en ai pas l'intention. Je suis à l'Auby athletic club, et c'est un club qui a une belle piste en tartan, avec de belles tribunes, bref de belles structures, et pourtant malgré les sollicitations du club, je ne foule jamais cette piste en tartan, je préfère courir avec mes copains le long d'un canal. C'est ce que je recherche dans la vie, la convivialité, j'essaie pas de fractionner autour d'une piste. Ne
me dis pas que tu ne fais pas de fractionné! Oui bien sur que j'en fais, mais je ne sais jamais de quelle façon je vais fractionner, je pars à l'entraînement puis à un moment ou à un autre je vais travailler ma qualité, rare sont les entraînements où je ne travaille pas la qualité, à un moment ou à un autre, je réveille mon appareil cardio vasculaire (rires), mais tu vois je suis un peu de l'ancienne école, c'est plus à la sensation. Si je suis bien, je vais travailler d'autant mieux. Ce que je reproche un peu aux plans, c'est que par exemple le mardi on doit fractionner, or le mardi il se trouve que l'on est pas bien, donc on va fractionner un jour où on est pas trop bien et on rajoute de la fatigue à la fatigue, et le lendemain, on n'arrive pas à faire un entraînement convenable. Moi je ne force que si je suis bien. Bon il est évident que dans ma tête je sais que certains jours je vais forcer plus que d'autres, quand je travaille au seuil, je travaille à 85/90% de mes capacités pendant X kilomètres, et comme j'ai une vitesse de base qui est déjà assez importante, j'essaie surtout de tenir la distance. Peut-on dire que tu as transposé en course à pied tes méthodes d'entraînement que tu utilisais en vélo? Oui effectivement, il est clair que j'ai tenu compte de mon expérience sportive, on arrive à se connaître, à connaître son corps, et puis surtout mentalement on est plus complet quand on a 50 ans que quand on en a 20. Quelle est la grosse différence pour toi entre le vélo et la course à pied? Ce sont deux sports qui sont pratiquement similaires au niveau de la souffrance, je pense malgré tout que le marathon est encore plus difficile, à moins que j'ai oublié mes souffrances sur le vélo (rires). Je me souviens que dans des courses dans le nord, quand il y a du vent, il y a souvent ce que l'on appelle des "bordures" et je me souviens d'avoir souffert terriblement dans ces moments là. Dans le Nord les cols ne sont pas très nombreux sauf les terrils!! Oui effectivement, mais ma carrière cycliste ne s'est pas arrêté dans ma région et des cols j'ai souvent eu l'occasion d'en grimper!! Pour ce qui est des terrils, on peut pas s'imaginer comme c'est difficile de monter les terrils. Chez nous tous les terrils sont en cours de réaménagement, d'ailleurs c'est très beau comme la région Nord Pas de Calais. Notre région a été noircie par l'industrialisation pendant des décennies avec le charbon, la métallurgie et la sidérurgie, et depuis que les mines ont fermé on a réaménagé tout le paysage et ces mêmes terrils qui étaient noirs maintenant sont arborés, on y a fait des sentiers, on peut y courir presque des heures. Mais les pentes sur les terrils sont sévères, j'en ai encore grimpé un hier tout près de chez moi, et c'est assez rude!!On travaille la puissance et il faut être en condition là. J'avais fait la course des terrils qui se trouve dans la valenciennois il y a quelques années, et je me souviens que vers la fin il y en avait un où il y avait des cordes pour s'aider à la fin tellement la pente est rude!! Pour terminer l'interview, tu n'échapperas pas au petit questionnaire que je pose à chaque vainqueur du challenge, pour commencer peux-tu me dire quel est ton marathon préféré? Et bien je dirai celui de La Rochelle, pour un tout. La Rochelle c'est d'abord la chaleur, le respect que l'on a du coureur depuis le départ et jusqu'à l'arrivée et même après, rien n'est bâclé, et je rajouterais le public qui est nombreux. Mais je trouve que le côté convivial est peut-être plus important qu'ailleurs peut-être. Paris c'est grandiose, de par le site, le monde présent et le parcours, mais après il n'y a plus rien, et un marathonien aime bien prolonger ce plaisir. Quel est ton marathonien préféré? J'ai été baigné dans le sport et je me rappelle d'un marathonien éthiopien, le premier grand marathonien éthiopien qui était Abebe Bikila, aux JO de Rome et de Tokyo, malheureusement il a eu un accident de la route et est devenu paraplégique avant de décéder par la suite.. Une course que tu aimerais faire? Peut-être les 100km de Millau, ça me tenterait un jour de monter sur cent bornes, je commence à y penser. Je pense que je peux en avoir les aptitudes, et en vieillissant je vais perdre un peu de ma vélocité, de ma capacité à aller plus vite, par contre je pense être un coureur très endurant. Bon ce ne sera pas pour 2010 car comme je t'ai dit je veux défendre mon titre, mais pourquoi pas en 2011... Quel est ton sportif préféré tous sports confondus? Ah il y en a beaucoup, mon coeur d'ancien cycliste dirait Eddy Merckx, j'ai adoré Mohamed Ali. Alors s'il fallait n'en dire qu'un je dirai Eddy Merckx en tant qu'ancien cycliste.... Mais Mohamed Ali, au delà de ce qu'il a fait sportivement parlant. c'est quand même un homme qui a su dire à une Amérique encore très raciste, où les noirs n'avaient encore que le droit de s'asseoir qu'au fond des autocars, il a quand même dit au peuple qu'il était le plus beau et le plus intelligent, et il a refusé d'aller au vietnam. Oui alors tu vois finalement pour tout cela je dirai quand même Mohamed Ali. Quel est ton style musical préféré? Ah j'aime tout, j'aime la grande variété française, j'aime Ferra, Bécaud, Aznavour, mais mon chanteur préféré est américain, c'est Elvis Presley, c'est un chanteur pour qui j'ai voué beaucoup d'admiration, sans être fanatique, mais j'aime les belles voix et puis lui aussi il a fait évoluer une société à la fin des années 50, ça a été quelque chose, je n'ai pas connu mais j'ai suivi beaucoup son histoire. Ton film préféré et plus globalement ton style de cinéma préféré? On se souvient souvent des films qui nous ont touché quand on était gamins, et moi je rêve toujours au film de Federico Fellini, "la strada". Dans ce film il fait jouer sa femme Gullieta Masina et Anthony Quinn. Sinon dans les films plus récents j'ai aimé "le silence des agneaux", "le docteur Jivago" m'avait aussi beaucoup touché. Mais je ne vais pas très souvent au cinéma. Quelle est ta région préférée? Je ne vais pas dire ma région tout de même, elle a mauvaise presse!! Sinon j'aime bien la Dordogne, et là aussi c'est lié aussi à des souvenirs d'enfance. Mais après la France est un beau pays, il y a beaucoup de régions qui sont très belles, mais en vérité j'aime bien les régions qui ne sont pas trop fréquentées. Ceci dit quand tu dis que le Nord n'a pas bonne presse, ce n'est plus tout à fait vrai depuis le film de Dany Boon. Moi même pour être allé dans cette région, j'ai été agréablement surpris. Oui c'est une région qui est beaucoup plus verte que les gens ne le pensent, quand on habite Lievin par exemple on est pas loin des collines de l'Artois, et moi qui les ai fréquentées à vélo, c'est quelque chose de superbe. De même les plages du nord sont magnifiques, il y a certaines plages qui sont parmi les plus belles de France. Et puis on pense que dans le nord il fait très froid, mais on a aussi nos périodes de canicule et là on a eu de la neige mais on en profite car ça faisait plusieurs années que l'on n'en avait pas eu!! Pour finir le questionnaire, un pays ou tu aimerais aller? Oh je dirai peut-être un pays d'Amérique du Sud, dans les Andes. Je suis allé au Brésil, mais j'aimerais découvrir les Andes, ça me plairait beaucoup. Et faire un marathon à l'étranger tu aimerais? Oui j'aimerai bien faire celui de Rome, ça me plairait bien. Dernière question crois tu au père Noël et que lui as-tu commandé pour l'année 2010? C'est bien de croire à quelque chose, même au père Noël!! Alors que peut-on te souhaiter pour 2010? De rester ce que je suis, de rester en bonne santé et de pouvoir assouvir ma passion, et de la faire partager.
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