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INTERVIEW SVETLANA PRETOT (22/05/2006)

 

 Svetlana, un si joli nom qui nous amène immédiatement vers des contrées lointaines, dans les pays de l'Est bien entendu. L'Est, toujours l'Est, Svetlana est maintenant dans l'Est ... de la France. (l'Est de la France qui décidément est la terre préférée des marathoniens français après les Antoine, Bagy, Fétizon...). Cette athlète venue dans notre pays par amour a délaissé un temps la course à pied avant de se repiquer peu à peu au jeu pour le plus grand bonheur du marathon français qui découvre avec bonheur cette nouvelle athlète désormais championne de France.

Au cours de notre entretien, j'ai découvert une femme charmante et intelligente qui nous explique une partie de sa vie de championne et donne aussi pas mal de "trucs" qui peuvent intéresser les marathoniens passionnés que nous sommes. A votre tour de découvrir notre nouvelle championne de France.

Marathon-info: Bonjour Svetlana, tout d'abord je tenais à vous féliciter pour votre titre de championne de France, je vous avais annoncée favorite pour le titre et vous ne m'avez pas fait mentir!

S.Pretot: Ah, ben ça fait plaisir, il y avait quelqu'un qui y croyait alors quand même!!

Ben oui, surtout que l'année dernière vous aviez fini seconde au Mt St Michel derrière Corinne Raux

Oui l'année dernière il y avait beaucoup de très bonnes coureuses au départ. J'étais partie en 13 ième position et finalement j'avais fait une belle remontée pour finir seconde française et quatrième au scratch. Il faut dire qu'il faisait très chaud!!

Ces championnats de France au Mont st Michel, ça vous avait servi de déclic? C'est ce jour là que vous vous êtes dit que vous pouviez être championne de France?

Oui c'est vrai, je pense qu'on aura l'occasion d'en parler mais je reviens de loin, je ne pensais pas faire du marathon une spécialité. Bon l'année dernière déjà je ne pensais pas courir au Mt st Michel, je devais courir ailleurs, c'est arrivé un peu par hasard, et quand je me suis vue sur la deuxième place ça m'a en effet donné l'idée que je pouvais quand même faire quelque chose, et cette année je me suis entraînée autrement et spécialement pour cet objectif des championnats de France de marathon, car auparavant je ne m'entraînais pas vraiment sérieusement. Cette année je me suis préparée très sérieusement en janvier et février contrairement à l'année dernière. Au départ je pensais faire les France de semi marathon, mais les dates sont à l'automne et moi je pars toujours en Russie de août à octobre et pendant cette période je ne cours pas sauf quelques petits joggings. Alors finalement j'ai décidé de préparer sérieusement les France de marathon.

De toute façon l'année dernière vous aviez fait trois marathons avant les championnats de France, c'est pas une préparation idéale?

J'ai couru à Albi en 2h46, le marathon de Caen puis le Mont st Michel. J'avais fait aussi le marathon du Jura Alsacien mais là je n'avais pas fait à fond la course, c'était un bon entraînement avant tout. (NDRL: 2h57 malgré tout!!). En fait au départ je devais faire le marathon de Caen, mais l'organisateur m'a dit qu'il avait invité des kenyanes et Tanzaniennes et que ce serait difficile pour moi de me classer, du coup je me suis rabattu sur le Mt st Michel. Finalement l'organisateur de Caen m'a rappelé car les coureuses étrangères n'avaient pas obtenu le visa et il me demandait si je pouvais venir, et j'ai dis Ok je viens pour dépanner, mais à ce moment là je ne pensais pas faire le Mt st Michel. Puis finalement j'y suis allé comme cela, pour voir, et on connaît la suite. Je suis parti assez loin derrière et passé le 20ième j'ai ramassé beaucoup de monde pour finir vice championne de France.

Vous avez l'habitude de courir de cette façon?

Oui je pars habituellement toujours prudemment, mais cette année à Lille j'avais décidé de changer un peu de stratégie et de partir un peu plus vite, en 3'50" au kilomètre, et de voir ensuite comment ça serait en seconde partie. J'avais dans l'intention de me rapprocher de 2h40, faire deux fois 1h20, mais au départ je n'étais pas très bien je tournais en quatre minutes et je me disais" bouh, y'a rien qui va!!" et je suis passée au semi en 1h23'. A ce moment là je me voyais finir en 2h46, comme l'an passé où je m'étais beaucoup moins entraînée que cette année, je faisais à peu près 70/80km par semaine contre presque 200km par semaine cette année en période de préparation, alors à ce moment là je n'avais pas trop le moral. Mais heureusement dans la seconde partie j'ai retrouvé mes jambes, je suis passée tout doucement en 3'50 et j'ai fait 1h20 dans la seconde partie qui a été pour moi bien plus facile que la première, j'ai fini les deux derniers kilomètres en 3'35 et 3'30, et ça finalement je pense que je le dois à mon départ assez lent.

Le fait de rattraper Christine Lelan aussi a du vous galvaniser!

Oui je l'ai rattrapée vers le 30ième kilomètre, après c'est sûr tu te dis que tu cours pour le titre, et c'est parti, ça allait beaucoup mieux que lors de la première partie.. Il faut dire que je venais de m'entraîner en altitude, j'ai été toute la journée qui précède le marathon dans la voiture, ensuite je n'ai réussi à dormir que trois heures, et puis je n'ai pas pu courir les deux jours qui ont précédé le marathon.. Je pense que tout cela explique ma mauvaise première partie de course car après ça a été tout seul.

Alors pour vous qui êtes d'origine Russe, qu'est-ce que ça représente d'être championne de France?

ça représente beaucoup, car ça fait maintenant onze ans que j'habite en France, je suis française depuis 6 ans car je n'ai pas fait les papiers tout de suite car je ne suis pas venue en France pour le sport ou pour devenir française, mais ce sont les sentiments qui m'ont amené ici. Quand je suis arrivée en France j'ai arrêté le sport, c'est pour cela que je n'étais pas connue, il n'y a que quatre ans que j'ai repris la course à pied. En 1996 j'ai été championne de Russie de Steeple, et en fait quand j'ai entendu la Marseillaise ça m'a beaucoup touché, je suis française, et je suis sur le podium comme les autres françaises. En fait je me suis vraiment sentie française sur le podium, je garde mes origines russes bien entendu mais sur le coup je me suis vraiment sentie française.

Pouvez-vous nous parler de ce marathon de la route du Louvre, comment avez-vous trouvé l'organisation?

Bon je n'ai pas fait beaucoup de championnats de France sauf en cross aussi je n'ai pas beaucoup de points de comparaison. L'année dernière au Mont st Michel c'était très bien mais avec la chaleur après l'arrivée il y avait les ambulances, je suis vite parti alors je peux rien dire, les conditions étaient particulières. Ici cette année ils ont bien réussi l'organisation, j'ai beaucoup aimé le circuit car on passait un peu partout: dans beaucoup de villages, au bord d'un canal, un peu dans la plaine, c'était très varié, et en passant dans les villages.. Je n'ai pas senti le marathon, j'ai eu l'impression de n'avoir fait qu'un semi, il y avait beaucoup de monde qui applaudissait, qui criait, et ça donne envie de se dépasser, ça permet de ne pas trop se relâcher. Pour cela j'ai trouvé ce marathon très agréable et aussi très bien organisé.

Et quand on franchit la ligne en vainqueur ça donne des frissons?

Ah oui c'est vrai... pff, je n'ai même pas senti.. Tout de suite il y avait les journalistes, puis le podium. Il y avait toutes les caméras fixées dès la ligne franchie, puis de suite le podium, puis les journalistes, le contrôle, et puis ensuite je suis repartie en auto et c'était déjà fini!!.. Je n'ai pas vu le temps défiler, j'ai pas eu le temps de réaliser, il me semble que je n'ai rien vu!! finalement j'apprécie presque mieux maintenant.

Est-ce que c'est la plus belle victoire de votre carrière, où aviez-vous déjà connu ce type d'émotions?

(elle réfléchit) non je pense que c'est la plus belle victoire. Bon j'ai déjà gagné les championnats de Russie en steeple, le championnat de l'armée aussi qui était important chez nous, dans les années 1996, puis ensuite je suis venue en France pour les cross où j'ai rencontré mon mari, et alors je me suis arrêtée quatre ans où je n'ai plus fait de sport du tout. Arrivée à trente ans je me suis dit que je devais faire un peu de sport pour mon corps, ensuite j'ai continué pour le club où j'étais où ils m'ont incité à courir pour eux, et puis tout doucement je suis arrivée au haut niveau, et la motivation est revenue petit à petit.

Justement je serais curieux de connaître vos débuts en Russie, vous pouvez nous raconter votre enfance? d'où êtes-vous originaire?

Je suis originaire de Sibérie, mais pas de Sibérie du nord, de la première ville de Sibérie du Sud qui est Omsk (il y a d'ailleurs chaque année au mois d'août un marathon international dans cette ville que je fais chaque année).J'ai fini neuvième une fois, et dixième je crois une autre année.. Mais j'étais la première fille de Omsk. Sinon moi je suis né à Krasnoïarsk, c'est un peu montagneux, ça ressemble un peu au Jura. Ensuite ma famille a déménagé à Omsk quand j'avais 3 ans. Ma mère voulait que je fasse de la danse, et donc quand j'avais 7 ans j'ai commencé par faire du ballet puis de la danse folklorique Russe. Et puis un jour sans rien dire à mes parents j'ai changé de sport, j'avais vu des patineurs sur glace et l'entraîneur m'avait demandé si j'étais intéressée pour faire du patinage de vitesse et j'ai opté pour ce sport finalement que j'ai pratiqué pendant six ans.

J'ai commencé à bien progressé dans ce sport, j'avais de grandes perspectives. Mais un jour, j'avais quinze ans, on est allé à un stage où j'ai vu les athlètes qui courraient. Et en fait j'ai été à ce moment là passionné par l'athlétisme et j'ai arrêté le patinage de vitesse mais difficilement parce que l'entraîneur de l'école de sport venait me voir et me demandait d'arrêter car pour lui j'avais une grande carrière dans le patin à glace. Mais bon quand on veut pas, on ne peut pas forcer les gens à venir s'entraîner, et finalement à 15 ans j'ai débuté dans l'athlétisme. 

Au début comme j'étais assez costaud, surtout au niveau des cuisses en raison du patin à glace (l'été on faisait 100km par jour de vélo en plus). Donc au départ l'entraîneur m'a plutôt dirigé vers le sprint et le 100mètres, mais je ne progressait pas dans cette distance, donc je suis passé sur 400m mais ça n'allait pas non plus, mais j'étais volontaire, je continuais à m'entraîner et je voulais toujours en faire plus, et ensuite j'ai essayé le 800m et là ça commençait à être mieux, et en junior j'ai terminé troisième des championnats de Russie. A 19 ans j'ai essayé le 1500m et ça allait encore mieux!! Au départ je les faisait en 4'22", et je suis descendu à 4'17". Ensuite je suis passée sur le steeple car c'était une nouvelle discipline dans laquelle je pouvais être mieux placée dans les championnats de Russie et on pensait à l'époque que ça deviendrait vite une discipline olympique.

Bon ensuite je suis allé m'entraîner à st Petersbourg parce que quand on s'entraîne loin des centres de décision, c'est plus difficile de se faire connaître si on n'est pas de Moscou ou st Petersbourg, c'est difficile de percer ailleurs. Donc j'ai changé d'entraîneur dans le but d'aller plus loin dans ma progression, et je suis restée deux ans là-bas. 

Pendant ces deux années, j'ai remporté les championnats de Russie de steeple ainsi que les championnats de l'armée, et c'est alors que je suis venue en France pour participer à des cross, j'en ai fait deux et j'ai connu mon mari, ça a été un coup de foudre comme on dit. A cette époque je ne pensais pas du tout arrêter le sport, je suis revenue en Russie pour être certaine de mes sentiments puis je suis revenue en France et me suis mariée en 1997, et de 1997 jusqu'en 2002, j'ai arrêté complètement de courir...

Vous regrettez un petit peu maintenant d'avoir arrêté?

Oui je le regrette parce que entre 25 et 30 ans ce sont les plus belles années pour un sportif, c'est le moment où on progresse le plus et où on peut faire des choses au haut niveau. Mais bon entre mon mari qui travaillait la semaine et moi qui faisait les courses le week-end, ce n'était pas facile, alors on a pris cette décision. Voilà alors finalement quand j'ai recommencé à courir je ne pensais pas arriver au niveau où je suis maintenant, ça commence à être pas mal, et je pense que j'ai encore de la réserve pour progresser.

Justement, maintenant que vous venez d'obtenir ce titre de championne de France, on va peut-être attendre un peu plus de vous, vous allez avoir quelques obligations supplémentaires, un peu plus de pression non?

C'est vrai que lorsque j'ai repris la course à pied, je me suis dit que je ne voulais surtout pas d'obligation, je veux choisir mes courses. Cette année j'ai été invitée au stage de l'équipe de France à Dax pour dix jours, et finalement je n'y suis pas allée, j'ai préféré aller un mois en altitude à Fond Romeu. Bon je ne regrette pas mais du coup j'ai coupé un peu les liens, le sélectionneur est venu vers moi et m'a dit tu n'es pas venue au stage et on ne te connaît pas trop. C'est vrai que la sélection s'est faite au marathon de Paris, les 5 filles ont été sélectionnées et elles ont accepté d'aller aux championnats d'Europe, maintenant moi je suis en réserve, si quelqu'un se blesse je suis la première à venir derrière. Bon c'est certain que si j'avais fait le stage j'aurais été un peu plus connue et j'aurai eu plus de chance d'aller quelque part.

Et désormais quels vont donc être vos objectifs? Progresser sur la distance?

Ah oui absolument, je veux me rapprocher des 2h40. L'année dernière sans entraînement spécifique pour le marathon j'ai réalisé 2h46, en faisant assez peu de kilomètres finalement, je n'ai pas préparé les marathons de façon structurée, je faisais des courses comme elles venaient au feeling. Donc avec la préparation adéquate comme cette année et en espérant passer une meilleure nuit avant la course, je pense pouvoir m'approcher bientôt des 2h40.

Vous avez apparemment de bonnes capacités de récupération, car l'an passé vous avez enchaîné pas mal de marathons au printemps!!

C'est à dire que j'attache une grande importance à la récupération, mon mari pourrait vous en parler!! déjà je vais deux fois par semaine au sauna à Amnéville, il y a des jets d'eau avec une forte pression qui massent les mollets, cuisses, fesses, dos et je récupère beaucoup grâce à ça. Par exemple quand j'ai fait les championnats de France je suis tout de suite allée à la piscine même avant de rentrer à la maison. Mon mari me masse tous les jours, surtout après les grosses séances ou les sorties longues, et puis j'ai un appareil d'électrostimulation que je mets tout de suite après la course dans la voiture. Et puis bien entendu après le marathon je me repose tout de même.

Vous avez un entraîneur?

Non je suis mon propre entraîneur. Alors quand j'ai débuté le marathon, je n'avais pas beaucoup de savoir, j'en avais beaucoup plus sur la piste, mais je savais pas trop pour le marathon. Donc j'ai lu des bouquins et j'ai adapté tout cela à moi. Cette année donc j'ai décidé de faire en janvier et février les bases kilométriques, plus de 200km par semaine pendant cette période là, j'ai pensé que ça me permettrait de partir sur de bonnes bases foncières pour tenir la saison. ¨Par contre pour les interrégionaux de cross le club m'a engagé sur le 3km et comme j'avais travaillé que l'endurance à cette période je ne pensais pas bien faire. De toute façon mon objectif depuis le départ c'était les France de marathon.

Vous avez fait moins de compétition que l'an passé?

Disons que j'ai fait des compétitions mais je ne fais pas tout à fond, quand je fais un semi en 1h24/1h26, c'est juste de la préparation, le seul que j'ai fait à fond c'est celui de Metz où je finis en 1h16'18". Je préfère courir en préparation que de faire des entraînements tout seul, c'est parfois difficile tout seul, tandis qu'en compétition la motivation vient d'elle même, on a moins de mal à tenir les allures que l'on s'est fixé grâce à cette ambiance de compétition.

Et en 2006, vous avez d'autres objectifs?

Bon là je fais une coupure parce que dimanche j'ai participé aux interclubs pour aider, j'ai fait le 1500m, le 4x400 et le disque. Une semaine après le marathon c'était pas facile de revenir au sprint, j'ai tout de même réalisé 4'32 au 1500m, et 1' au 400m. Maintenant donc repos, et si je récupère bien j'ai envie de faire dans un mois le marathon du Mt st Michel, car cette année il va se courir en soirée et moi j'adore courir le soir, quand j'étais en Russie il m'arrivait d'aller courir à 23h, j'ai plus d'énergie le soir, je ne sais pas pourquoi. Comme en plus ce circuit est roulant, j'ai envie de tenter de faire un temps, mieux que les 2h43 que j'ai réalisé à Lille. Et j'envisage d'aller passer les dix jours qui précèdent là-bas pour me relaxer et arriver en pleine forme pour ce marathon.

Faire un autre marathon aussi rapproché, vous n'avez pas peur de vous blesser en en faisant trop?

Souvent dans notre sport c'est le tendon d'achille qui prend, moi quand je sens une douleur arriver au tendon d'achille, je sais que c'est du à mes mollets qui durcissent. Donc c'est pour cela que dans ces cas là, les massages sont très importants. Avec mon mari on a trouvé une combine, mon mari me masse fortement pour enlever toutes les "duretés" dans les mollets, car quand le mollet est bien détendu il relâche les tendons d'achille, les douleurs au tendon apparaissent souvent à cause de mollets trop durs. J'ai eu des douleurs aux hanches également quand je faisais beaucoup de kilomètres en janvier/février, et j'ai réussi à me débarrasser de ces douleurs en massant bien les cuisses, les ischios. En fait je n'essaie pas forcément de soigner là où j'ai mal, je cherche plutôt d'où ça vient, ce qui provoque cette douleur, je cherche ce qui tire sur les tendons et c'est ça qu'il faut arriver à détendre pour que les tendons soient moins sollicités.  Moi en plus je suis plutôt costaud et j'ai les muscles qui durcissent vite, alors dès que je sens les tendons j'applique cette technique et ça marche. Il faut dire qu'en Russie j'ai fait l'université du sport jusqu'à BAC+5 et j'ai beaucoup étudier l'anatomie, la biochimie, le biologie...

Pour en revenir à vos objectifs, vous allez couper à l'automne comme à votre habitude?

Oui je coupe, c'est aussi ça qui m'aide à tenir ensuite car je pars quand même trois mois. Je fais la saison ici à partir de mars jusqu'en juin, bon cette année je vais peut-être participer à Marvejols-Mende en juillet, je n'ai pas donné encore ma réponse mais ce sera ma dernière course en France si j'y participe. Après en Russie c'est repos, je me repose en famille, la tête et les muscles, je fais beaucoup de sauna, de piscine.. Quand je reviens en France, je fais d'abord de petits joggings et petites courses près de chez moi.

La Russie vous manque parfois?

Oui beaucoup, mais heureusement quand je cours l'ambiance est toujours sympa et je pense moins à la Russie. Mais ça me manque quand même oui.

Le climat français est différent de celui de votre région d'origine non?

Oui en effet, chez moi en Sibérie j'ai déjà couru avec une température de -30°, mais par contre l'été il fait +30°. Chez nous c'est l'hiver froid, l'été très chaud, mais en hiver nous allions souvent en stage dans les pays plus chaud. Mais sinon chez nous on a beaucoup de salles fermées pour s'entraîner, mais pour faire des footings un peu long on va dehors quand même, bon les premiers kilomètres il fait froid mais une fois que le corps s'est réchauffé on cours comme ici. Bon bien sûr il vaut mieux ne pas oublier les gants et bien se couvrir le visage. Je pense que c'est pour cela aussi que maintenant je suis très résistante au froid comme au chaud d'ailleurs. Il faut savoir aussi qu'entre le nord de la Sibérie et chez moi qui suis au sud, il y a plus de 5000km, le Russie est un pays très vaste. 


La Russie à un réservoir d'athlètes impressionnant au niveau quantitatif et qualitatif sur marathon, surtout chez les femmes, comment vous l'expliquez?

Je pense que c'est la volonté d'abord. Bon moi quand j'étais en Russie je ne fréquentais pas beaucoup de marathoniennes, je ne voulais pas en entendre parler à l'époque, je connaissais mieux les filles de la piste, alors je ne peux pas trop dire pourquoi les russes réussissent bien sur la distance, pour moi c'est surtout une histoire de volonté.. Je connaissais bien Larissa Zyusko lorsque j'étais en Russie, depuis on s'est perdu de vue mais je vois qu'elle a beaucoup progressé au fil des ans... Chez nous il y a beaucoup de femmes d"origine "Tchouvas" (NDLR: je ne suis pas certain de l'orthographe), chez nous on les appelle les kenyanes, elles sont très fortes en endurance, peut-être que leurs entraîneurs sont plus spécialisés en endurance: Ivanova, Yegorova elles sont toutes de là-bas.

Dernière question, vous défendrez votre titre de championne de France l'année prochaine?

Ecoutez, je ne me projète jamais très loin, parce que c'est toujours difficile à dire, on prépare quelque chose et on n'est jamais à l'abri d'une maladie, d'une blessure. Pour le dernier marathon je n'étais pas certaine de finir, j'avais quelques douleurs aux hanches et je n'étais pas certaine que cette douleur ne se réveille pas après le 30ième kilomètre. Aussi je ne préfère pas me projeter trop loin. De toute façon dans ma tête je ne suis pas une fanatique de la distance parce que je trouve que lorsque l'on est trop dedans, quand on veut tout maîtriser, quand on veut trop programmer, il y a toujours quelque chose qui arrive. C'est pour cela que je préfère mettre en avant la notion de plaisir, souvent c'est comme ça que j'y arrive le mieux, ça vient tout seul.