Si l'objectif était de faire
2h32, est-ce qu'au fond de vous vous sentiez capable de passer sous
les 2h30 déjà?
C'est pas évident, comme j'avais fait un seul
marathon il était difficile de tirer des conclusions, mais je me disais
que la préparation s'était bien passée, donc avec Dominique on s'est
dit que si on partait sur 2h30 ça devrait passer mais bon c'est jamais
fait d'avance. Déjà 2h30 je trouvais ça impressionnant même si mes
2h37 au Mt St Michel ont été faites dans des conditions difficiles il y
avait 7 min ce qui est énorme; je vais vous dire même moi ça
m'impressionne. On m'aurait dit y'a trois ans que j'allais faire moins de
2h30 j'aurai eu du mal à le croire car ça me paraissait un chrono de
folie. Avant j'avais un bon potentiel mais je faisais un peu de tout, de
la montagne, du biathlon, sans entraînement structuré et depuis un an
que Dominique m'a préparé pour le Mt St Michel où j'ai préparé
vraiment la course à pied, j'ai vraiment fait un bond en course à pied.
Avec un entraînement plus structuré, adapté, sans faire d'écart à
côté sur d'autres disciplines, je me dis aussi que c'est le travail d'un
an qui paye.
Pour gagner 8 minutes par rapport à votre
temps du Mt St Michel, vous avez changé de mode d'entraînement?
Pour le Mt st Michel j'avais fait une
préparation spécifique, là on a repris une préparation identique mais
il y avait tout l'acquis du premier marathon, on ne travaille plus sur les
mêmes bases, on a un potentiel qui est déjà supérieur et donc on
améliore encore ce potentiel là. C'est pour ça que je me dis qu'à la
rigueur je peux encore progresser. L'allure que j'avais à Paris est bien
passée donc je pense encore avoir une marge de progression, mais laquelle
je n'en sais rien, c'est ça le mystère. Mais c'est intéressant car ça
motive pour repartir. Je pense pouvoir grappiller encore un peu de temps,
le parcours de Paris n'est pas réputé comme étant le plus roulant, il y
a des marathons plus plats comme Berlin par exemple où il est sans doute
possible de gagner un peu de temps. Je me dis que après les JO mon
objectif ultime sera peut-être de m'attaquer au record de France, même
si il faut faire chaque chose en son temps.
C'est sur que vu le parcours des JO le
record tombera pas à Athènes (rires)
Oui à Athènes ce sont les jeux olympiques,
il fera chaud. C'est vrai que sur les olympiades il n'y a pas forcément
des temps qui sont réalisés, ce sont souvent des courses tactiques. Mais
bon je suis super contente d'aller à Athènes car faire le marathon en
partant de Marathon et en arrivant à Athènes on ne peut pas rêver
mieux, c'est la course mythique idéale. Bon ça tombe comme ça mais pour
moi c'est vraiment le top. Et puis bon c'est un rêve de gosse, les JO on
voit ça quand on est petit à la télé, et puis là je vais y aller donc
c'est vraiment bien.
Pour en revenir à Dominique Chauvelier,
qu'est-ce que le travail entrepris avec lui vous a amené?
Je suis allée à endurance fin 2002, il a
commencé à m'entraîner en gros trois mois avant la préparation du Mt
St Michel. C'est moi qui lui ai demandé car avant je m'entraînais toute
seule, ce n'était pas trop structuré, mais j'avais décidé de me donner
à fond pour la course à pied et j'étais motivée pour ça, je voulais
mettre tous les atouts de mon côté, faire des préparations idéales
c'est pour ça que je suis allée vers son club qui est un club
essentiellement de coureurs sur route. Dominique est un spécialiste du
marathon qui a quand même de sacrés références, en France au niveau
performances sur marathon et longévité dans la carrière il n'y en a pas
trente six, donc j'ai pensé que ce serait une bonne chose pour moi de lui
demander de m'entraîner. Et donc ça se passe bien avec lui, j'ai bien
progressé, et il y a des résultats, donc tout va bien.
Et qu'est-ce qui vous a amené vers le
marathon alors qu'au départ vous étiez plutôt branchée course de
montagne ou duathlon?
C'est à dire que mon sport d'origine c'est
quand même la course à pied puisque quand j'étais dans les petites
catégories je faisais du 800m ou du cross, j'ai arrêté trois ans le
temps de faire mes études de kiné à Berck Sur mer, j'ai obtenu mon DEA
de Kiné, j'ai commencé à travailler et à reprendre le sport en
parallèle, d'abord par des raids nature où j'accompagnais mon frère et
c'est comme ça que je me suis repris au jeu du sport car pendant mes
études de kiné je ne faisais plus rien du tout, je faisais un footing
tous les quinze jours histoire de faire quelque chose mais ça allait pas
plus loin. Je me suis alors repris au jeu de retrouver une condition
physique, m'entraîner un peu plus et c'est revenu comme ça. j'aimais
bien le VTT sur les raids, la course à pied était mon sport d'origine et
donc je me suis mis au duathlon en 2000, j'ai vite intégré l'équipe de
France, en 2002 j'obtiens mon titre de championne du monde de duathlon aux
USA, en parallèle je m'étais entraînée plus à pied, j'avais fait
aussi de la montagne où j'avais obtenu le titre de championne de France,
j'avais de bons résultats un peu partout, je progressais bien à pied
mais je voulais encore progresser. J'ai commencé par faire des 10 km et
des semis pour arriver enfin sur marathon l'année dernière.
Maintenant c'est donc tout pour le
marathon.
Oui le duathlon j'ai mis ça un peu de côté,
et puis maintenant que je suis qualifiée pour Athènes, maintenant je ne
vais plus de nouveau m'éparpiller mais bien me concentrer sur une
discipline qui me plait et où j'obtiens des résultats. De plus le
marathon est une discipline olympique contrairement au duathlon qui ne
l'est pas encore, il y a moins de pratiquants, c'est vrai que le marathon
touche tout le monde, c'est plus populaire. Avec la course à pied tout le
monde peut prendre une paire de chaussures et courir. Et puis ça va être
grandiose d'aller sur le parcours mythique du marathon, j'ai des frissons
rien que d'y penser.
Justement avez-vous déjà planifié votre
programme en vue des JO?
Non justement car comme je disais mon
programme pour l'instant c'était le 04 avril, et puis depuis trois jours
je récupère et je n'ai pensé à rien d'autre, chaque chose en son temps
je récupère et après il sera temps de penser à la préparation pour
les JO. Il faut respecter les étapes.
Avez-vous des modèles de marathoniennes?
Ben bien sur il y a Paula Radcliffe qui m'a
toujours impressionnée vu ses performances, c'est une sacré référence,
oui c'est quand même impressionnant les temps qu'elle réalise.
Vous avez complètement arrêté votre
métier de Kiné, je suppose qu'il ne doit pas être évident de vivre de
la course à pied?
J'ai arrêté de travailler car je
voulais m'entraîner de plus en plus pour progresser, donc je travaillais
de moins en moins car je ne faisais que des remplacements ou des saisons,
en 2002 j'ai décidé de carrément arrêter de travailler pour me
consacrer entièrement au sport. A partir de ce moment là je suis revenu
habiter chez mes parents car je n'avais plus de salaire, j'y suis toujours
car ce n'est pas évident, j'ai mon sponsor équipementier adidas qui me
soutien, un industriel Jean Brient qui me soutien aussi au niveau local,
les thermes marins m'apportent aussi un plus dans la préparation mais ce
ne sont pas des revenus mensuels qui tombent. Et les marathons j'en fait
un par an, donc c'est pas toutes les semaines non plus.. J''espère que
là maintenant mes efforts vont déboucher sur quelque chose, je me dis
qu'il faut se donner les moyens pour le faire, c'est ma passion, c'est
maintenant ou jamais pour le faire, même si c'est un peu galère au
départ j'ai espoir pour que ça débouche sur quelque chose, mais au
moins j'aurais essayé et mis toutes les chances de mon côté. C'est vrai
que comparé à d'autres françaises j'ai commencé le marathon assez
jeune mais je me suis dit que les longues distances ça me faisait pas
peur, j'ai fait la 6000D ou des raids d'une semaine et comparativement le
marathon c'est finalement pas trop long, j'ai 27 ans et je me suis dit que
je pouvais commencer maintenant.
Dernière question, le sondage actuel sur
le site pose la question de savoir ce que pensent les marathoniens des
courses où l'élite féminine part avant les hommes, que pensez-vous de
ce genre d'initiative?
C'est délicat, je vois l'année dernière ça
a posé un problème car des femmes avaient couru derrière avec des
hommes et avaient fait de meilleurs temps que des femmes qui étaient
parties à part et qui se retrouvaient toutes seules pendant la course. Je
ne sais pas trop quoi penser sur ce sujet, là par exemple à Paris
Dominique était avec moi et m'a servi de lièvre et avec les hommes on
est plus portés par la foule. De plus en partant à part, on n'a pas
autant de densité que chez les hommes donc on se retrouve un peu au
compte goutte sur le parcours, et sur les marathons on a pas l'impression
d'être dans une course si on se retrouve toutes seules. Et puis je me
souviens que l'année dernière où Paris avait fait deux course
séparées, on ne voyait pas pour autant plus les françaises à la
télé, donc dans un sens ça peut être bien mais si ensuite la télé en
tient pas trop compte... enfin c'est pas facile, je ne sais pas quelle est
la meilleure solution. |