2004: ATHENES: Vanderlei de Lima, héros malgré lui.

Et pourtant cette édition 2004 des JO va réserver des rebondissements qui vont faire qu'encore une fois la grande histoire sera au rendez-vous. Mais qui pouvait bien battre Paula Radcliffe? les premiers noms qui surgissent à l'esprit sont ceux des kenyanes Margareth Okayo et surtout Catherine Ndereba, toujours présentes dans les grands rendez-vous, Ndereba ayant gagné les mondiaux de Paris l'année précédente et l'ayant remporté en début d'année à Boston en 2h24'27", elle qui détient un meilleur temps personnel de 2h18'47" obtenu en 2001 peut dans un bon jour tenir la dragée haute à la britannique, okayo vainqueur à Londres peut aussi avoir un rôle à jouer même si Paula Radcliffe a décidé de faire l'impasse à Londres exceptionnellement pour réserver ses forces en vue du marathon mythique d'Athènes. .

Oui mais voilà, un marathon olympique est toujours un évènement d'un jour, avec une telle intensité que tout est possible comme nous allons encore le voir.

On peut se demander si courir un marathon olympique, qui plus est aussi difficile (car le circuit du marathon d'Athènes contient un important dénivelé) sous la chaleur Grecque, avec un départ à 18heures, a été vraiment réfléchi par les organisateurs. Sans doute n'ont-ils jamais essayé de produire un tel effort dans ces conditions. Ce facteur aura toujours eu pour effet de voir une course à rebondissements. 

Quelques kilomètres plus tard Alemu va payer cher son effort, elle craque, et très vite Noguchi va faire un cavalier seul, elle va compter au 35ième kilomètre 28 secondes d'avance sur Ndereba, et 59 sur Radcliffe qui souffre sans doute de la chaleur mais dont on sait aussi qu'elle a eu quelques pépins de santé ces derniers mois qui l'ont un peu contrariée, voilà que ces souvenirs reviennent alors à notre mémoire, le roc Radcliffe s'effrite, se lézarde, elle perd pied peu à peu ne tenant que par son courage. Voyant Alemu repasser devant elle, elle comprend qu'elle ne pourra plus être médaillée et craque, préférant arrêter sa course en larmes. Le spectacle est étonnant, la britannique est totalement effondrée et inconsolable, assise sur le bord de la route, entourée par des médecins, elle pense sans doute à son rêve qui s'écroule, elle à qui le titre devait revenir, elle qui avait tout mis en oeuvre pour cela!!

Le dernier coup de tonnerre va venir de Deena Kastor l'américaine, depuis son marathon de Londres de l'an passé on connaissait ses qualités, mais on ne s'attendait pas qu'elle vienne coiffer sur le fil l'éthiopienne Alemu pour la médaille de bronze après un retour empli de courage comme toutes ces femmes ont pu en avoir en cette chaude soirée du mois d'août. Noguchi l'emporte en 2h26'20", un superbe temps étant donné les conditions, elle ne garde que 12 secondes d'avance sur Ndereba et une minute sur l'américaine au final, déclarant à l'arrivée "J'avais peur. J'ai entendu quelqu'un derrière moi. Je n'étais pas sûre de courir assez vite pour la maintenir à distance." Elle succède ainsi à sa compatriote Takahashi et confirme la suprématie des japonaises sur le marathon mondial., ce ne sont pas les 5ième et 7ième places de Reiko Tosa et Naoko Sakamoto qui vont contredire cette donnée. NOGUCHI portait une amulette porte-bonheur rouge sur son short - appelée "omamori" en japonais - qui lui a été offert par son père, mais on peut penser qu'elle n'avait pas besoin de cela pour l'emporter à Athènes.

Côté français seule Corinne Raux échappe au naufrage, avec une superbe 15ième place en 2h35'54", là aussi en tenant compte des conditions de course on peut penser que Corinne a le potentiel pour battre le record de France dès l'année prochaine, une belle performance donc. Hafida Gadi termine loin derrière, 52ième en 2:50:29, Quetier-maraoui a abandonnée (16 abandons dans cette course).

Après les JO, la défaillance de Paula Radcliffe va faire évidemment beaucoup parlé, mais elle va vite sécher ses larmes et montrer qu'elle est une grande championne en remportant le marathon de New-York dans le temps de 2h23'10". elle déclarera également vouloir absolument pousser jusqu'aux Jo de Pékin et même au delà, une réaction de Championne qui la verra être élue athlète de l'année par les internautes du site marathoninfo.

Au 25ième km tout va exploser sous l'impulsion de trois hommes qui réagissent, le champion du monde Jaouad Gharib, Paul Tergat et Stefano Baldini. Aburaya, Tolossa, Keflezighi et l'anglais Brown s'accrochent et forment un nouveau groupe. Au 35ième kilomètre Lima garde encore une bonne avance proche de 40 secondes, le groupe à l'arrière explose définitivement, Baldini, Tergat et Keflezighi lâchent Gharib pas au mieux, le kenyan Wainaina n'est pas loin derrière. La présence de l'américain Keflezighi et de l'anglais Brown surprennent quelque peu, si l'américain est en pleine progression, l'anglais lui n'a rien prouvé depuis quelques années, se contentant d'une 15ième place à Londres en début de saison en 2h13'39". Mais celui qui surprend le plus est le brésilien de Lima, parti d'assez loin, il tente crânement sa chance et semble ne pas faiblir au cours des kilomètres. vainqueur à Hambourg en début de saison en 2h09'39", c'est tout de même un homme à prendre en considération.

C'est alors que va arriver un incident qui va venir tout bouleverser, un énergumène habillé dans une sorte de kilt  va sur la route et pousse Lima dans les balustrades, le temps que des spectateurs le libèrent de ce fou, et Lima repart totalement déconcentré et avec une frayeur qui lui a fait perdre son rythme, il avait alors encore 30 secondes d'avance sur Baldini. Ce moment surréaliste qui passe devant toutes les télévisions du monde va être le seul évènement regrettable de ces JO, mais ces images vont bouleverser le monde et créé un sentiment d'injustice qui va quelque peu gâter la fête et aussi faire rentrer une nouvelle fois cette course dans la légende. Que serait-il advenu sans cet incident? Nul ne le saura jamais, mais Lima va tour à tour se faire doubler par Baldini et l'américain Keflezighi, et parviendra sous les applaudissements à conserver une médaille de bronze historique pour le Brésil. 

Devant Keflezighi tente de revenir, mais ne pourra rien face au finish de l'italien Baldini qui devient champion olympique sur ce lieu mythique et arrivera en 2h10'55", 34 secondes devant Keflezighi et 1'16" devant Lima. Une fin de course extraordinaire qui rendait l'italien irrésistible. Après deux médailles de bronze aux mondiaux d'Edmonton et Paris, Baldini entre dans la légende des grands marathoniens. on notera la quatrième place de l'anglais Jon Brown, au pied du podium comme à Sydney. le premier français Lahssini ne finit que 36ième, mais n'évite pas la déroute française pour la deuxième année consécutive.

On apprendra après la course que le "trublion" de la course était un moine irlandais nommé Cornelius Horan et âgé de 57 ans  qui voulait attirer l'attention des gens sur la fin du monde, il avait déjà fait des siennes lors d'une course de formule un qu'il avait fait cesser à Silverstone en raison de son arrivée intempestive sur la piste. Plus tard il écrira au brésilien Vanderlei de Lima pour s'excuser, ce dernier refusera de rencontrer l'Irlandais mais est devenu un héros dans le monde entier tant sa réaction après l'incident et sa joie en franchissant la ligne troisième ont forcé le respect. Il recevra le prix du fair play, et devient un héros au Brésil, étant sollicité beaucoup plus que s'il avait gagné la médaille d'or. Son sponsor lui verse la prime prévue en cas de victoire, les brésiliens l'élisent comme le sportif de l'année au Brésil, et il est sollicité de toute part pour les marathons à venir, il n'a alors que l'embarras du choix. Quand à la fédération brésilienne, elle demande au CIO d'obtenir la médaille d'or sans enlever celle de l'italien Baldini, et le spectateur Grec qui a aidé Lima à repartir a été nommé citoyen d'honneur par les brésiliens, c'est dire si l'émotion suscitée dans le pays a été immense!!. Cette course aura donc accouchée de deux héros, pas spécialement ceux qui étaient attendus au départ par ailleurs!!