Mais il y aussi et surtout un
grand absent, en l'occurrence le Finlandais Paavo Nurmi, le plus grand
athlète de l'époque qui malgré ses 35 ans aurait eu toutes ses chances
pour l'emporter, l'histoire ne saura jamais s'il aurait pu obtenir une
nouvelle médaille d'or sur cette distance, car en effet Nurmi était
suspendu, un congrès extraordinaire de la fédération internationale
d'athlétisme ayant deux jours avant le début de la compétition
définitivement suspendu l'athlète en dépit des menaces de la
fédération Finlandaise. Que reprochait-on à Nurmi? Il aurait
touché un pourcentage des recettes amassées dans les stades où il
courait, réclamait des frais de voyage et de séjour exorbitants ou
accomplissait aux Etats-unis des voyages d'études dont il revenait les
poches pleines.. Nurmi déclara à l'annonce de la nouvelle: " j'ai
toujours voulu établir le record du marathon en 2h20'. Mes jambes le
peuvent. Mais je ne puis attendre encore de nouveaux jeux. j'ai encore une
ou deux bonnes années devant moi avant de ranger mes souliers à
pointe". dans un livre qu'il écrivit en guise de testament, Nurmi
prétendit même qu'il aurait pu ajouter la médaille d'or du marathon aux
5 qu'il avait déjà gagnées aux JO de Paris en 1924: "puisque
Zatopek, qui se mit en condition uniquement en basant son entraînement
sur des courses répétées, a gagné le marathon d'Helsinki en 1952, on
peut dire que j'aurais pu faire de même à Paris".
Toujours est-il que Zabala quand à lui part
seul en tête de ce marathon de Los Angeles, la température chaude ne
décourageant pas un sud-américain, pendant que les Finlandais en signe
de désapprobation sortent les dernier du stade. Au 14ième km, zabala est
en compagnie du mexicain Pomposo Banos (qui finira dernier), mais au
23ième km, Zabala est seul en tête devant les finlandais Virtanen à 1
minute et Toivonen à 1'30". zabala est méfiant et sage pour son
jeune âge, il décide en effet de baisser un peu le rythme, se souvenant
d'un abandon au trentième kilomètre du deuxième marathon de sa
carrière couru en juin . Les autres coureurs eux continuent et vont
logiquement le rejoindre et au 25ième km Virtanen le rejoint et le double
(Virtanen qui a déjà obtenu deux médailles de bronze sur 10000 et 5000
mètres). Le manque d'expérience du Finlandais sur la distance et
peut-être aussi la répétition des compétitions vont le voir abandonner
suite à une blessure au pied.
A ce moment de la course ils sont quatre à
pouvoir l'emporter et à se tenir dans un mouchoir de poche: l'écossais
Mc Leod, le Finlandais Toivonen, l'anglais Ferris et Zabala qui gère
formidablement sa course et reprend tout ce beau monde dans un deuxième
effort en fin de course, pour franchir la ligne d'arrivée en vainqueur
dans le nouveau record des Jo: 2h31'36". il devance ses trois
compagnons de quelques secondes, les trois autres parcourant les trois
cent derniers mètres alors qu'il franchit le ligne. Jamais une arrivée
de marathon olympique n'avait été aussi serrée. Le plus déçu sera le
second, le britannique Ferris qui termine à 19 secondes, en effet à
1500m de l'arrivée, il avait repéré à l'entraînement un panneau
publicitaire pour du lait et s'était promis de déclencher là son
habituel finish. L'ennui, c'est que l'on avait monté un stand devant le
panneau, qu'il ne vit donc pas et qu'en temporisant, il causa probablement
sa défaite. il déclara d'ailleurs: " si la course avait comporté
un kilomètre de plus, j'aurais pu gagner", depuis les anglais
attendent toujours le premier vainqueur d'un marathon olympique. Aux 5 et
6ième places on trouve deux japonais auteurs d'un beau tir groupé, mais
c'est un certain Kin (coréen, mais à cette époque il s'agissait d'une
colonie japonaise) qui se fit remarquer quand il s'arrête à 5mètres du
but, pétrifié par des crampes pendant de longues secondes, avant de se
ressaisir et de parcourir les derniers mètres en titubant et en faisant
appel à tout son courage, puis de s'effondrer dès la ligne franchie.
zabala est encore de nos jours le plus jeune
vainqueur d'un marathon olympique, découvert par l'entraîneur Alejandro
stirling dans un orphelinat argentin alors qu'il avait treize ans, il a
été transformé par cet homme en athlète de haut niveau. Le petit
vendeur de journaux a d'abord triomphé dans des compétitions locales
avant de débuter, à seize ans dans les championnats d'Amérique du sud.
Le voici désormais au faîte d'une gloire sportive qu'il écornera
quelque peu en abandonnant vingt jours plus tard un marathon commercial
sur piste organisé à Boston. Mais même dans ce dernier cas, n'étais-ce
pas encore une certaine sagesse qui lui a fait abandonner? Zabala avait
sans doute tout compris de la gestion d'une course comme le marathon,
comme quoi même à 20 ans... |