1900:
PARIS: THEATO OU LA VICTOIRE CONTESTEE |
DATE |
VAINQUEUR |
AGE |
PARTANTS |
ABANDONS |
jeudi 19
juillet 1900 à 14 heures 36 |
Michel
Théato (FRANCE)) |
22 ans |
14 dont
5 pays |
6 (42,85%) |
Le parcours
de 40 km 260m était en boucle autour de Paris (suivi des fortifications)
avec départ et arrivée sur le terrain du racing club de France. Il s'est
couru sous une très forte chaleur, sans doute le marathon des JO le plus
chaud. |
Le jeudi 19 juillet, à l'heure où vont s'élancer les
14 courageux (5 français, 3 anglais, 3américains, 2 suédois et 1
canadien) il faisait une très forte chaleur, et rares étaient ceux qui
se sont élancés tête nue: l'un portait une casquette, l'autre un
canotier, la plupart un tissu blanc noué sur le crane. Dès le départ le
suédois Nystroem va abandonner, souffrant, alors que son compatriote Fast
prenait la tête. Mais très vite va se dérouler le premier incident. Une
fois quitté le bois, l'entrée sur les boulevards se fit par la porte de
Passy, Fast s'y présenta le premier. Ouvrier électricien à la section
suédoise de l'exposition universelle dans le cadre de laquelle se
déroulait le marathon, âgé de 19 ans seulement, il ignorait tout de la
capitale et ne parlait pas le français. Devait-il obliquer à gauche pour
contourner Paris dans le sens des aiguilles d'une montre, ou au contraire
à droite? Le policier auquel il lança "maillotte?" était par
malheur de Marseille et ne connaissait pas lui non plus la capitale, aussi
lui indiqua-t-il la mauvaise direction, ce qui fit perdre à Fast un
précieux temps sur Touquet, Marchais ou Emile Champion qui, mieux
renseignés ou plus familiers des lieux en tant que racingmen, tournèrent
à gauche. On raconte que le policier, pris en flagrant délit
d'ignorance, apprenant que le coureur qu'il avait égaré avait perdu la
course, se suicida quelques jours plus tard. Michel Théato quand à lui
est à ce moment là avant dernier de la course.
A la porte d'Ornano Touquet s'arrête sans prévenir dans un café
pour engloutir deux bocks, sa soif étanchée il refusa catégoriquement
de repartir, ressentant une forte chaleur à la nuque, il craignait
l'insolation et préférait décevoir son entourage plutôt que de mettre
sa vie en danger. Quand aux trois anglais, imbus de leur supériorité et
n'ayant que mépris pour la mauvaise qualité d'une organisation les
empêchant de s'exprimer, ils s'étaient éclipsés encore plus tôt, il
ne reste alors que 9 concurrents. Fast profita de l'abandon de Touquet
pour filer à travers un désordre inimaginable, en effet la course avait
lieu un jeudi, en pleine semaine alors que la capitale était en pleine
activité, et qu'il n'était pas question d'interrompre tout cela pour le
marathon. Chacun fut donc dans l'obligation de se frayer un chemin de
porte à porte à travers les tramways à vapeur, les troupeaux de moutons
effarés montant aux abattoirs de la Vilette, les vaches s'échappant, les
jurons et les moqueries des cochers, les tricycles à pétrole, les
bicyclettes, les premières motocyclettes et les massives automobiles.
A la porte de pantin Fast menait toujours devant Champion. on aborda
alors la rude et longue côte du boulevard Sérurier, rendue encore plus
difficile par les lourds pavés dont on recouvrait les chaussées.
Indisposé par la chaleur au début de l'épreuve, un concurrent faisait
une remontée spectaculaire, Michel Théato. Un moment tenté de renoncer
il avait continué sur les instances de ses entraîneurs et pour soutenir
le bon renom de nos coureurs devant les étrangers.
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Abandon de fast Théato
fondit bientôt sur Champion qui avait rejoint Fast à deux reprises sans
pouvoir maintenir le contact avec lui. A la porte de châtillon, il
rejoint Fast qui montre des signes de fatigues. Démoralisé, pris de
crampe, Fast venait de s'asseoir à même le sol. En un éclair, piqué au
vif, il bondit sur ses pieds et à la stupéfaction générale, puisa une
énergie insoupçonnée pour tenter de repousser cet autre adversaire.
Mais la lutte intense fut aussi courte, le longiligne Théato plus dispo,
ne tardant pas à abandonner le petit Fast pour reprendre le large
définitivement. C'est précédé de deux membres de son club (et sans que
personne y trouve rien à redire tant c'était usité à l'époque) qu'il
parcourut les quinze derniers kilomètres. Puis une nuée de cyclistes
l'escorta jusqu'au prè-Catelan où l'attendaient quelque mille cinq cent
spectateurs parmi lesquels le futur président de la République, M
Millerand. Il l'emporte en 2h59'45".
les contestations Âgé de 22 ans, on a
prétendu que Théato était boulanger, ce qui lui aurait permis de mieux
résister à la chaleur, qu'il livrait le pain dans Paris, ce qui l'avait
préparé à prendre des raccourcis.( en vérité, dans les journaux de
l'époque, Théato affirmait qu'il était ouvrier ébéniste) . Les
anglo-saxons soutiennent toujours qu'il ne dut sa victoire qu'à une
connaissance parfaite du parcours. A peine arrivé l'Américain Arthur
Newton prétendit qu'il avait pris la tête à mi-parcours et n'avait plus
été dépassé par quiconque Mais Frantz Reichel, journaliste, avait
suivi le meilleur français (Touquet, puis Champion et enfin Théato) sans
jamais être dépassé par Newton. de ce fait il faut sans doute mettre
sous le coup de la chaleur la médiocre performance d'un des meilleurs
coureurs de l'époque ainsi que sa version des faits. On avança aussi
pour preuve de la tricherie des français le fait que leurs maillots
étaient propres alors que les autres avaient leurs maillots immaculés de
boue...Un autre américain, Dick Grant, arrivé 7ième, attendit 60 ans
avant de faire un procès au CIO sous prétexte que la mauvaise
organisation de la course l'avait privé de la victoire et qu'il croyait
bien avoir été renversé par une bicyclette alors qu'il était sur le
point de lâcher Théato. Heureusement Emile Anthoine vivait encore en
1960 et conservait tous ses esprits, son témoignage permis de débouter
le plaideur.
L'anglais Saward, rentré chez lui furieux, se précipita dans les
locaux du "sporting life" pour lancer un défi à Théato. Besse
prétendant avoir été indisposé en fit autant. Puis ce fut au tour de
Touquet de défier Champion qui avait eu des mots désagréables pour lui,
Marchais pour les mêmes raisons demanda de participer au défi qui aurait
opposé Théato à Besse. C'était tout à fait dans l'esprit de l'époque
et d'un domaine sportif encore fait de défis, de revanches, de challenges
et de handicaps, ou rien n'était définitivement acquis.
Théato quand à lui se refusa à refaire la course, il alla ensuite
grossir les rangs des professionnels où il fut, selon Emile Anthoine,
régulièrement surclassé. La médaille d'or si contestée , il dut
attendre 1912 pour la recevoir!! Théato tenait donc sa victoire sans
doute méritée mais au combien contestée. Il déclarait à l'arrivée
"je ne pouvais souhaiter victoire plus douce à mon amour propre de
coureur et de français, car j'ai réussi à battre ces étrangers qui
nous ont tant fait subir de défaites au cours des championnats du
monde". On s'apercevait plus tard que Théato né au Luxembourg
aurait du porté les couleurs de son pays natal, mais ce pays n'a jamais
réclamé la paternité de cette médaille d'or. Théato est
décédé en 1919 à l'âge de 41 ans.
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CLASSEMENT
GENERAL (40,260km) |
PLACE |
NOM |
PRENOM |
NATIONALITE |
TEMPS |
1 |
Théato |
Michel |
France/Luxembourg |
2h59'45" |
2 |
Champion |
Emile |
France |
3h04'17" |
3 |
Fast |
Ernest |
Suède |
3h37'14" |
4 |
Besse |
Eugène |
France |
4h00'43" |
5 |
Newton |
Arthur |
Etats-Unis |
4h04'12" |
6 |
Nystroem |
J.F |
Suède |
--- |
7 |
Grant |
Richard |
Etats-Unis |
--- |
8 |
Mc Donald |
Ronald |
Etats-Unis |
--- |
Nystroem, classé 6ième,
aurait en fait abandonné. |
LES AUTRES JO
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