On notait aussi la présence des
deux héros des précédents JO, Hannes Kolehmainen et Lossman, mais ces
derniers ne joueront aucun rôle dans la course, Lossman finissant loin
derrière et Kolehmainen abandonnant comme un grand nombre de concurrents
victimes de la chaleur une nouvelle fois. La chaleur.. parlons-en!! Au
cours du cross country remporté par Nurmi ce fut une véritable
hécatombe, une série de défaillance et de drames qui a amené les
organisateurs à revoir leur copie et à repousser l'heure du départ du
marathon de 15h à 17h. Finalement le départ sera donné à 17h23, et de
nombreux contrôles étaient prévus, répartis irrégulièrement en
fonction des bourgades traversées. Le peloton a une moyenne d'âge
plutôt élevée, la palme revenant au Tchècoslovaque Bohumil Hontzatko
qui était presque cinquantenaire et qui abandonnera très rapidement.
La course ne fut guère palpitante si l'on
excepte dans les premiers kilomètres où le Grec Alexandros Kranis prend
les devants, partant comme une fusée, prenant très vite 500 mètres
d'avance sur les autres, à tel point qu'on se met à rêver d'un successeur à Spiridon Louys, mais très rapidement le grec va montrer
les limites et se faire doubler par le français Gabriel verger. là
encore l'émotion monte, on se met cette fois à rêver d'une victoire
française, le patriotisme et le déroulement des jeux à Paris aidant, un
succésseur à Théato cette fois? Que nenni car le Finlandais Stenroos
lui a fait un début de course sage, et remonte petit à petit tous les
concurrents, dépassant le français peu avant la mi-course où il passe
en 1h20'06". Peu après les écarts sont creusés, Verger à
30", l'américain de Mar (surnommé plus tard de Mar..athon) à
58", Berini à 1'04" puis Blasi, Halonen et Manhes à
1'07". C'est fait, Stenroos est le plus fort et personne ne
parviendra à revenir sur lui, au contraire l'écart sur ses poursuivants
va se creuser peu à peu.
Il arrive dans le stade de Colombe, lieu de
l'arrivée, où le public pour la première fois a été tenu au courant
des moindres péripéties de la course grâce à la TSF (qui désignait à
l'époque les postes de radio). Ainsi on diffusait par haut-parleurs et
sur les tableaux d'affichage les informations qu'elle transmettait, ce qui
fait que le public ne fut pas surpris de voir arriver Stenroos seul en
tête, franchissant la ligne d'arrivée dans le temps de 2h41'22".
Mécaniquement, le Finlandais termina sans se soucier des acclamations
qu'il provoquait, il accomplit tout de même un tour d'honneur et était
déjà rentré aux vestiaires lorsque Bertini se présentant à son tour,
faisant preuve d'un enthousiasme autrement exubérant. Le troisième
était l'américain Clarence de Mar. Ce dernier avait participé pour la
première fois au marathon de Boston contre l'avis de son médecin qui lui
avait trouvé un souffle au coeur. il mourut d'un cancer en 1958 à 70
ans. Son autopsie permit de découvrir qu'il avait un coeur légèrement
plus petit que la normale, mais que, en revanche, ses artères
présentaient un diamètre de deux à trois fois plus grand.
Stenroos quand à lui, deux ans après sa
victoire, finit second du marathon de Boston devant de Mar. Il n'avait
plus couru de marathon entre 1910 et 1924, ne s'était pas entraîné et
n'avait plus couru du tout entre 1918 et 1920. sa victoire olympique fut
la seule de sa carrière à éclipses, jalonnée de onze marathons en 21
ans. Il devait assurer ensuite les fonctions de directeur du stade
olympique aux jeux organisés dans son pays en 1952. Qui se souvenait de
sa médaille d'or, obtenue douze ans après sa troisième place dans le
10000m de Stockholm? Peu de gens en vérité. Mais n'aurait-il pas
complètement sombré dans l'oubli si, s'étant cassé une jambe dans un
cross-country et ayant décidé d'abandonner l'athlétisme à la suite de
cet accident, il ne s'était pas ravisé au lendemain de la seconde guerre
mondiale? |